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Votre avion vient de s’écraser. Vous êtes à 4500m d’altitude sur une arête rocheuse recouverte de neige. La partie arrière de l’appareil est tombée dans le ravin, entraînant dans la mort 100 passagers. L’équipage n’a pas survécu au choc car le cockpit s’est enfoncé profondément et a touché la roche.

Il reste 40 passagers dont certains sont légèrement blessés. Mais la plupart peuvent marcher.

Les cartes récupérées montrent que le prochain village est à environ 80 km à vol d’oiseau. Certains d’entre vous sont d’excellents alpinistes qui se rendaient à Katmandou. Vos bagages gisent dans les profondeurs du ravin, vous ne portez que des vêtements de ville.

Il est 10h locales. Il fait +15° au soleil, -15° à l’ombre. Vous savez que la nuit, la température atteint les –40°.

Vous décidez d’agir solidairement pour augmenter vos chances de survie. Un rapide inventaire montre que 15 objets peuvent éventuellement servir : en voici la liste.

Fusil à lunettes

Calibre 9mm avec 100 cartouches, récupéré dans le cockpit passé en fraude par le pilote qui est chasseur.

Partie supérieure des fauteuils

Rembourrage en mousse.

Housses plastiques

Agrafées sur l’arrière des fauteuils, facilement démontables

2 pelles

Type scout, plates et solides

2 hublots

Projetés à l’extérieur au moment de l’impact

100 étuis teintés

Format 15/20, contenant des brochures publicitaires

250 gilets de sauvetages

Auto gonflable, orange, avec sangles

Radio

Récepteur à transistor

4 canots de sauvetages

40 places auto gonflables, orange, avec provisions de secours, fusées de détresse.

Rations vitaminées

En boîtes métalliques, elles suffiront pour 15 jours

Lait en poudre

Equivalent de 0,25l par jour et par personne

Boussole

En état de marche

3000 litres de kérosène

C’est le calcul fait par un passager sur la base du parcours déjà effectué

Moquette

2 cm d’épaisseur, matériau synthétique doublé de caoutchouc

Boîte de secours

Bande Velpeau, alcool à 90°, gaze, pommade contre les brûlures, désinfectants, aspirine, sparadrap, pilule contre le mal de l’air, seringues avec ampoules de tonicardiaque.

Sujet :

  Vous avez une idée exacte de ce qu’il convient d’utiliser ou non et dans quel but. Développez une argumentation qui saura convaincre les autres passagers de se joindre à vous ou racontez la suite des événements.

Eléments de corrigés :

1)      Dressez un tableau qui montrera l’utilisation possible de chaque objet.

2)      Classez les tâches à effectuer selon l’urgence.

3)      Rédiger en mettant en valeur l’enchaînement des idées.

4)      N’oubliez pas le point de vue que vous allez adopter

Fusil à lunettes

De peu d’utilité à part la lunette=jumelles

Partie supérieure des fauteuils

Isolant pour les vêtements

Housses plastiques

Sac de couchage

2 pelles

Dégager la neige

2 hublots

Peuvent servir de loupe

100 étuis teintés

Pour se protéger les yeux

250 gilets de sauvetages

Eléments de repérage, renforcer les vêtements

Radio

Hors service

4 canots de sauvetages

Repérage et réparation du trou dans l’avion, utilisation de leurs réserves.

Rations vitaminées

A utiliser pour lutter contre le froid

Lait en poudre

Boisson chaude avec eau de fonte de neige (eau déminéralisée)

Boussole

Rien  sauf pour des skieurs suicide

3000 litres de kérosène

Rien, impossible à enflammer à cette altitude et par ce froid

Moquette

Isolant thermique

Boîte de secours

Alcool = source de chauffage disponible, désinfection des plaies, pilule=calmants, tonicardiaque=lutte contre le froid, sparadrap=bricolages

  

   J’ai peur, l’angoisse m’empêche de respirer, la sueur gèle à même ma peau. J’essaie de me lever, la ceinture me rabat violemment sur le siège. D’autres passagers émergent à leur tour.

Vivant, je suis vivant ! Il fait très froid. L’air s’engouffre par un hublot manquant.

Un coup d’œil en arrière : il manque la partie arrière de l’avion.

   Les langues se délient. On entend des exclamations, des rires nerveux, chacun appelle sa famille, son voisin. En quelques minutes la situation apparaît dans toute son horreur. Les passagers arrière ont disparu, certainement prisonniers de la carcasse dans un ravin.

Petit à petit les secours s’organisent. On soigne ce qui peut l’être avec la trousse de bord. Heureusement, il n’y a pas de blessures trop graves. Il faut prévoir dès maintenant des gelures pendant la nuit. Personne n’a d’habits chauds. L’altimètre reste bloqué sur 13000 pieds (environ 4400m). La nuit promet d’être glaciale.

   Je propose d’établir l’inventaire des objets qui pourraient se révéler utiles. Un alpiniste suggère de bloquer le trou de la partie arrière en gonflant les canots de sauvetage. D’autres s’affairent à pelleter de la neige pour dégager la sortie et maintenir en place les canots.

« Vos yeux ! » hurle quelqu’un « il faut les protéger ! » En effet, la réverbération intense du soleil peut rendre aveugle, surtout à cette altitude. On dispose de quelques lunettes de soleil dans les bagages à mains, on en confectionne d’autres en superposant les étuis publicitaires teintés.

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   Le vrai problème reste le froid intense, aggravé par le vent qui commence à souffler en rafales qui font gémir la carcasse de l’avion. Nous bouchons hermétiquement l’emplacement des deux hublots manquants en coinçant des gilets de sauvetage dans l’ouverture ; une housse de siège fixée au sparadrap complète le travail. Les alpinistes se concertent et finissent par renoncer de tenter une sortie. Par ce froid et sans équipement, ils savent qu’ils n’ont aucune chance de s’en sortir vivant. De plus, le manque d’oxygène rend chaque effort épuisant. Nous nous relayons pour installer un cercle bien visible dehors avec les deux canots restants et des gilets orange attachés solidement entre eux. Cela attirera plus, nous l’espérons, le regard d’éventuels sauveteurs que la silhouette de l’avion dont la couleur se confond avec la neige.

   La nourriture ne constitue pas un problème. Le compte des rations montre que nous pouvons tenir quinze jours sans nous priver. D’ici-là, nous serons sauvés ou … morts de froid. La boisson est plus difficile à obtenir. Je suggère de faire fondre la neige tout de suite entre les deux hublots pendant qu’il y a encore du soleil. Nous récoltons l’eau dans les boîtes métalliques des rations. Un alpiniste bricole deux réchauds à alcool avec ces mêmes boîtes.

« Et le kérosène ? » s’exclame soudain un jeune homme, les yeux brillant d’espoir. Un ingénieur se charge avec ménagement de le détromper.

« Je crois hélas que c’est impossible de l’utiliser, il faudrait d’abord le pomper dans les réservoirs mais la vraie difficulté serait de l’enflammer avec si peu d’oxygène et par ce froid. Il faudra se contenter des réchauds à alcool. »

   Nous nous préparons à passer notre première nuit à bord. Nous nous regroupons le plus prés possible, allongés sur les banquettes, serrés deux à deux. La moquette sert à matelasser les housses des fauteuils qui font de bons sacs de couchage. La partie supérieure des sièges disparaît en ponchos et bonnets qui arrivent à nous faire rire : le yéti lui-même prendrait la fuite devant notre accoutrement. Ce sera notre première nuit de vacances !……

La suite à votre convenance : du repérage rapide de l’avion à la tempête qui rend inconcevable les secours, tout est possible si vous le justifiez et mettez en parallèle l’évolution psychologique des naufragés. Comme dans un récit d’aventure, privilégiez un petit nombre d’acteurs aux réactions différentes, décrivez les comportements plutôt que d’imaginer des réflexions (sauf les vôtres). Les passagers sont un échantillon de l’humanité.

Vous pourriez conclure –si vous êtes encore en vie- par des considérations sur ce que vous a apporté cette expérience.

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