Accueil

Les Animaux malades de la Peste

Jean de LA FONTAINE (1621-1695) biographie

Un Mal qui répand la terreur,

Mal que le Ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)

Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,

Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :

On n'en voyait point d'occupés

A chercher le soutien d'une mourante vie ;

Nul mets n'excitait leur envie ;

Ni Loups ni Renards n'épiaient

La douce et l'innocente proie.

Les Tourterelles se fuyaient :

Plus d'amour, partant plus de joie.

Le Lion tint conseil, et dit : « Mes chers amis,

Je crois que le Ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune ;

Que le plus coupable de nous

Se sacrifie aux traits du céleste courroux,

Peut-être il obtiendra la guérison commune.

L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents

On fait de pareils dévouements :

Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence

L'état de notre conscience.

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons

J'ai dévoré force moutons.

Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :

Même il m'est arrivé quelquefois de manger

Le Berger.

Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense

Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :

Car on doit souhaiter selon toute justice

Que le plus coupable périsse. »

- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;

Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,

Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur

En les croquant beaucoup d'honneur.

Et quant au Berger l'on peut dire

Qu'il était digne de tous maux,

Etant de ces gens-là qui sur les animaux

Se font un chimérique empire.

Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.

On n'osa trop approfondir

Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,

Les moins pardonnables offenses.

Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,

Au dire de chacun, étaient de petits saints.

L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance

Qu'en un pré de Moines passant,

La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense

Quelque diable aussi me poussant,

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.

Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.

A ces mots on cria haro sur le baudet.

Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue

Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,

Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.

Sa peccadille fut jugée un cas pendable.

Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !

Rien que la mort n'était capable

D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

¬

¯­

Avec l’aimable autorisation de : http://www.lafontaine.net

 
L'ENFANCE :
Jean de La Fontaine est baptisé le 8 juillet 1621 à Château-Thierry. Son acte de baptême est conservé dans sa maison natale , salle XVIIème siècle. Son père, Charles, né en 1594,  a le titre de conseiller du roi et maître des eaux et forêts du duché de Château-Thierry. Sa mère, Françoise Pidoux, née en 1582, est d'origine poitevine, veuve d'un premier mari, Louis de Jouy, négociant à Coulommiers. Lorsqu'elle épouse Charles, elle a 36 ans, il est de 12 ans son cadet. Sa fille Anne de Jouy devient la belle-fille de Charles et sera la demi-soeur de Jean. Claude, frère de Jean, naît en 1623, 2 ans après le futur poète.

L'ADOLESCENCE :

Jean de La Fontaine commence ses études au collège de Château-Thierry, avec son condisciple François Maucroix,  ami de toujours. Il les termine vraisemblablement à Paris.

IL CHERCHE SA VOIE :

 Il rentre ensuite à l'Oratoire
"Le 27 avril 1641, M. Jean de La Fontaine, âgé de 20 ans, a été reçu pour les exercices de piété de nos confrères" (Annales de l'Oratoire). N'étant pas fait pour les études religieuses, il quitte l'Oratoire 18 mois plus tard . Plus tard, il s'en souviendra ainsi : "Desmares  s'amusait à lire son Saint-Augustin, et moi, mon Astrée."(cité par A. Adam)
Il revient à Château-Thierry...Enthousiasmé par les Odes de Malherbe, il"passe ses nuits à apprendre ses vers par coeur et, le jour, il va les déclamer dans les bois". Son père est très heureux des premiers vers écrits par son fils. C'est l'époque aussi des longues promenades dans la campagne, des rencontres avec les bergères, et des aventures galantes avec les jeunes dames de Château-Thierry...
Sa mère meurt alors.
Entre 1645 et 1647,  Jean de La Fontaine est à Paris où il étudie le droit avec Maucroix et Antoine Furetière. A ce moment, il fréquente  une société d'amis jeunes et lettrés avec Tallemant des Réaux (le futur auteur des Historiettes),  Paul Pellisson (qui sera secrétaire et ami de Fouquet, puis  Académicien...), Patru (avocat et lexicologue), Antoine Rambouillet de La Sablière (qui épousera Marguerite Hessein, la future protectrice de La Fontaine). Cette libre académie de jeunes "palatins" se nomme la "Table ronde".

LE MARIAGE :

En 1647, poussé par son père, La Fontaine épouse Marie Héricart baptisée le 26 avril 1633, à la Ferté-Milon : Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Château-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. La date et le lieu du mariage ne sont pas connus. Marie Héricart est la fille de Louis Héricart, lieutenant civil et criminel du baillage de La Ferté-Milon, et d'Agnès Petit.  Jean a 26 ans, Marie un peu plus de 14...C'est une bien jeune femme pour pouvoir être responsable d'un ménage et pour exercer une influence sérieuse sur son mari.
LA VIE A CHATEAU-THIERRY

 En 1652, Jean de La Fontaine achète une charge de maître particulier des eaux et forêts.
 Charles, le fils unique du couple naît en 1653, il est baptisé à Château-Thierry le 30 octobre de la même année. Maucroix, l'ami de toujours en est le parrain, rôle qu'il assumera pleinement en contribuant à l' éducation de l'enfant, que Jean de La Fontaine délaisse quelque peu.
Mademoiselle de La Fontaine (Les femmes mariées, non nobles, mais bourgeoises étaient appelées ainsi et non "dames") se pique de littérature et fréquente à Château-Thierry  une "Académie" de beaux esprits, ou salon littéraire, comme cela était fréquent à l'époque. On ne sait exactement où se tenaient les réunions, peut-être dans la maison même des La Fontaine, mais rien n'est sûr. Une lettre de Jean Racine à La Fontaine, du 4 juillet 1661 évoque cette académie : "...Je fais la même prière à votre Académie de Château-Thierry, surtout à Mlle de La Fontaine. Je ne lui demande aucune grâce pour mes ouvrages..."
C'est en 1654 ,  que La Fontaine publie, sans signature,  son premier ouvrage qui paraîtra en librairie : L'Eunuque, adapté de Térence, comédie en 5 actes et en vers. Sa vocation s'affirme.
Tallemant des Réaux, dans ses Historiettes, en 1658,  qualifie La Fontaine de "garçon de belles-lettres, qui fait des vers, grand rêveur".

DES HORIZONS NOUVEAUX :

Après la mort du père de La Fontaine en 1658, qui laisse une succession très embrouillée, les deux époux se séparent de biens, d'un commun accord.
La Fontaine est vraisemblablement introduit par Jacques Jannart, son oncle par alliance, très proche du jeune couple, auprès de Nicolas Fouquet. La Fontaine offre à Fouquet, surintendant des finances, son poème Adonis, manuscrit, calligraphié par Nicolas Jarry, rehaussé d'un dessin par François Chauveau, le futur illustrateur des Fables. 
Quelques mois après, en 1659, Fouquet confie à La Fontaine le soin de composer un ouvrage à la gloire de Vaux-le-Vicomte : ainsi naîtra Le Songe de Vaux,  que la chute du surintendant laissera inachevé.  En outre, Jean s'engage à "donner pension poétique" à Fouquet, payée en madrigaux, ballades, sonnets et autres vers. 
Vers 1660, La Fontaine entre en relation avec Jean Racine, son petit-cousin par alliance, de 18 ans son cadet, qui fait à Paris ses débuts poétiques et vient de publier l' ode La Nymphe de la Seine à l'occasion de l'entrée à Paris de Marie-Thérèse d'Espagne, future femme de Louis XIV. D'Uzès, où il restera deux ans, Racine rappelle à La Fontaine le temps où ils se voyaient "tous les jours" (lettre du 11/11/1661) 

En 1621, Louis XIII était au pouvoir depuis 1610, succédant à Henri IV


1622 : Baptême de Molière .
           Richelieu est nommé cardinal
1623 : Naissance de Pascal

1626 : Naissance de Marie de Rabutin Chantal, future marquise de Sévigné.

1628 : Mort de Malherbe

1631 : Théophraste Renaudot crée La Gazette. Il est considéré comme le fondateur du journalisme

1635 : Fondation de l'Académie française, qui a pour objectif "de travailler à la pureté de la langue et de la rendre capable de la plus haute éloquence", ce qui a été constamment poursuivi. Les statuts sont signés de la main de Richelieu.

1636 : Naissance de Boileau 
           Le Cid, tragédie de Corneille

1637 : Le Discours de la Méthode de Descartes

1642 : Mort de Richelieu (4 décembre)

1643 : Mort de Louis XIII (13 mai)

1643-1661 : Régence d'Anne d'Autriche , la mère de Louis XIV âgé de 5 ans, qui gouverne avec Mazarin jusqu'en 1661. Pendant cette période, on note :


     - de 1648 à 1652 : La Fronde, période de soulèvement contre Mazarin, qui se termine par la victoire de la royauté et de Mazarin
     - la victoire de Rocroi au cours de laquelle le duc d'Enghien (futur "Grand Condé") écrase l'infanterie espagnole de Philippe IV
     - en 1648 : La signature du traité de Westphalie, qui met fin à la guerre de 30 ans

     - de 1656 à 1659 : La construction du château de Vaux le Vicomte par Le Vau

     - en 1657 : Godefroy Maurice, duc de Bouillon prend possession de la ville de Château-Thierry (obtenue par échange de territoires), et doit en racheter tous les offices. La Fontaine ne sera remboursé qu'au début de 1671.


     - en 1659 : Le Traité des Pyrénées , accord conclu entre la France et l'Espagne (cf. Sur la paix des Pyrénées et le mariage du roi, troisième terme de la pension poétique). La paix est négociée dans l'île des Faisans sur la Bidassoa. L'Espagne perd le Roussillon, l'Artois, plusieurs places de la frontière des Flandres et du Hainaut. Louis XIV doit prendre pour femme l'infante Marie-Thérèse qui renonce à sa succession au trône d'Espagne moyennant une dot très importante (elle conservera son droit, la dot n'ayant pas été intégralement payée). La fable Les deux chèvres évoque les négociations.
cf. la relation de l'entrée de la reine à monseigneur le surintendant. 

 
LA FONTAINE ET FOUQUET :

De 1658 à 1661, le poète habite à Paris, chez Jannart, quai des Grands Augustins, avec sa femme, ou à Château-Thierry pour y exercer ses charges. C'est dans sa ville natale, entre 1659 et 1660 qu'il fait représenter par des amis sa pièce :
Les Rieurs du Beau-Richard  (Le Beau-Richard est un carrefour où l'on s'assemble pour bavarder à Château-Thierry et commenter la vie locale)
A Vaux, La Fontaine retrouve Pellisson, Madeleine de Scudéry, Maucroix, Charles Perrault, Saint-Evremond, il se lie avec Brienne, fréquente les plus grands artistes, des financiers, parmi lesquels le banquier Herwarth.
Le 17 août 1661, Fouquet donne une fête somptueuse en l'honneur du roi accompagné de toute la famille royale. La Fontaine y assiste. Molière y présente pour la première fois Les Fâcheux . La Fontaine en fait une relation dans la  Lettre à Maucroix, alors à Rome, chargé de mission par Fouquet . L'envie, la jalousie et le désir d'affirmer le nouveau  pouvoir personnel du roi motivent l'arrestation de Fouquet le 5 septembre 1661. Une autre lettre de La Fontaine à Maucroix relate cette arrestation et montre la profonde émotion de La Fontaine.
En 1662  l'élégie Aux Nymphes de Vaux où le poète exprime sa peine et son attachement à Fouquet est publiée anonymement.
          "Pleurez, Nymphes de Vaux.....
            Les destins sont contents : Oronte est malheureux"
(Oronte est le nom emprunté pour désigner Fouquet). Pendant toute sa vie, La Fontaine restera fidèle au surintendant, et demande la clémence à Louis XIV dans son Ode au roi.
En 1663, l'oncle Jannart, proche de Fouquet est envoyé en exil à Limoges. La Fontaine l'accompagne. Précaution inutile, ou envie de voyager ? Ce sera le plus long voyage de La Fontaine.  Nous pouvons le suivre  par les "Lettres à sa femme" rédigées au cours de ce voyage. Il  décrit, entre autres, la Loire à Orléans, Blois, Amboise, ToursPoitiers. Ces six lettres ne seront publiées qu'après la mort du poète. De retour à Château-Thierry à la fin de l'année, il fait sa cour à la jeune Marie-Anne Mancini, duchesse de Bouillon, la nouvelle châtelaine. Elle est férue de poésie, espiègle et vive,  a  un nez retroussé : La Fontaine est conquis ...
          "Nez troussé ? C'est un charme encor selon mon sens,
                    C'en est même un des plus puissants."
Ils deviennent très amis. Elle réussit à imposer le poète à toute sa famille, tous reconnaissent son talent. Grâce à l'appui de la duchesse de Bouillon, La Fontaine va obtenir un emploi et s'établir à Paris, où son génie littéraire va s'épanouir. 

LA VIE A PARIS :

De 1664 à 1672, La Fontaine est gentilhomme servant au palais du Luxembourg, chez la duchesse douairière d'Orléans. Il habite encore chez l'oncle Jannart,  quai des Orfèvres. A cette époque, sa femme retourne définitivement à Château-Thierry. C'est une période d'intense production, même si beaucoup des oeuvres qu'il fait éditer à ce moment sont écrites  depuis longtemps. La Fontaine semble fréquenter quelques salons, notamment celui de l'Hôtel de Nevers (emplacement de l'hôtel de la Monnaie) près du Pont-Neuf , dont Mmes de Sévigné et de Lafayette, La Rochefoucauld sont les familiers.
  1665 voit paraître la première édition des Contes et Nouvelles en Vers de M. de La Fontaine, chez Barbin. Un deuxième recueil est publié  en 1666, un troisième en 1671. C'est un succès.
 En 1668, les Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine sont éditées chez Barbin associé à Denys Thierry, dédiées au dauphin âgé de 8 ans. Le vers célèbre "Je me sers d'animaux pour instruire les hommes"est inclus dans la dédicace. Ce recueil contient 124 fables, réparties en 6 livres. Les vignettes qui les illustrent sont de François Chauveau. Le recueil reçoit un immense succès.  
 En 1669,  Les Amours de Psyché et de Cupidon, poème dédié à la duchesse de Bouillon et Adonis, qui avait été offert à Fouquet en 1658, paraissent chez Barbin.
En 1671, La Fontaine abandonne ses charges de maître des eaux et forêts, ne pouvant les racheter au duc de Bouillon.
En 1672, La duchesse douairière d'Orléans meurt; La Fontaine perd sa charge de gentilhomme servant.     

1661-1715 : Règne personnel de Louis XIV

     1661 : 
- Mariage d'Henriette d'Angleterre, avec Monsieur,  Philippe de France, duc d'Orléans, frère du roi. Elle était la petite-fille d'Henri IV par sa mère Henriette-Marie, la femme de  Charles 1er décapité. Les deux femmes avaient trouvé refuge en France. 
(cf. l'Ode pour Madame envoyée au surintendant et à la "cour" de Vaux)
- Mort de Mazarin
- Fêtes au château de Vaux-le-Vicomte, en l'honneur du roi.
- Arrestation de Fouquet à Nantes
- Entrée de Colbert au Conseil des finances
- Début de la construction du château de Versailles par Le Vau

     1662 :
- Mort de Pascal
- Louvois est nommé secrétaire d'Etat
- Publication des Mémoires de La Rochefoucauld 
- Mariage du duc de Bouillon, seigneur de Château-Thierry, avec Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin (elle a 13 ans)
     1663 :
- La Fontaine courtise la duchesse de Bouillon
      1664 :
- Fouquet est condamné à l'emprisonnement perpétuel; il finira sa vie au fort de Pignerol.
     1665 :
- Colbert est nommé contrôleur général des finances
     1666 :
- Mort d'Anne d'Autriche
     1667 :
- Création de la manufacture royale des Gobelins
     1669 :
- Colbert est nommé secrétaire d' Etat de la Maison du roi et secrétaire d'Etat à la marine
     1670 :
- Mort d'Henriette d'Angleterre, à 26 ans (peut-être empoisonnée...). 
Bossuet prononce son oraison funèbre à Saint-Denis le 21 août 1670  :"O nuit désastreuse ! ô nuit effroyable où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte!..."
     1672 :
- Fondation de l'Académie nationale pour la représentation des opéras. Le directeur est Lulli. Son titre de surintendant de la musique lui confère une sorte de monopole de la production musicale.
- Louis XIV s'installe à Versailles.
 
CHEZ MADAME DE LA SABLIERE :

En 1672, après la mort de la duchesse douairière, La Fontaine n'a plus d'emploi. L'année suivante, Madame de La Sablière l'accueille chez elle. Il y restera 20 ans, jusqu'à la mort de sa protectrice qui vit séparée de son mari. Dans son hôtel de la rue Neuve-des-Petits-Champs, elle reçoit une société brillante et assez libre. Madame de Sévigné l'appelle assez méchamment "la tourterelle". Iris est le nom que lui réserve La Fontaine dans ses vers. La Fontaine y rencontre des savants, il est passionné par les sujets scientifiques qui sont abordés. 
L'année suivante, le succès d' Alceste,  opéra de Lulli est compromis par une cabale.  Mme de Montespan et sa soeur Mme de Thiange conseillent à Lulli de changer de librettiste et de  remplacer Quinault par La Fontaine. Lulli accepte à contrecoeur semble-t-il...La Fontaine travaille quatre mois sur l'opéra Daphné, sans satisfaire Lulli. Il abandonne. C'est l'origine du poème satirique Le Florentin...(rare colère de La Fontaine). La même année, en 1674, paraissent sans privilège ni permission, les Nouveaux Contes de Monsieur de La Fontaine. Ils sont plus licencieux que les précédents et mettent en cause des moines, soeurs.... La vente en est interdite l'année suivante.
La Fontaine vend sa maison natale de la rue des Cordeliers à Château-Thierry, à Antoine Pintrel "gentilhomme de la grande vénerie du roi" en 1676. Cela lui permet de s'acquitter de ses dettes. 
En 1678 et 1679 paraissent deux nouvelles éditions des fables :
L'édition de 1678,  ajoute à celle de 1668 les nouveaux livrets qui  correspondent aux livres 7 et 8 de nos éditions actuelles. 
Celle de 1679, les livrets qui correspondent aux livres  9, 10 et 11 des éditions modernes.
Ces 87 fables nouvelles sont dédiées à Mme de Montespan, maîtresse du roi, avec des messages concernant les grands problèmes de l'époque.
Vers 1680, Mme de La Sablière, abandonnée par son amant La Fare se consacre à la dévotion et au soin des malades. Elle déménage et loge La Fontaine dans une petite maison proche de la sienne. Poète reconnu, La Fontaine est élu à l'Académie Française en 1684, mais le roi retarde sa réception. Elle sera effective le 2 mai 1684 : La Fontaine occupera le fauteuil N°24, succédant à Colbert. La réception  de Boileau a lieu le 1et juillet de la même année. Le roi avait attendu cette élection pour rendre officielle celle de La Fontaine
En 1685 sont édités les Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine.

LES DIX DERNIERES ANNEES :

La Fontaine fréquente à la fin de sa vie les Vendôme, les Conti, Madame Ulrich, personnes à la vie assez dissolue...
1991 voit la représentation de son opéra  L'Astrée, mis en musique par Colasse : c'est un échec. 
En 1693, à la mort de Mme de la Sablière, La Fontaine  s'installe chez les d'Hervart, fils et belle-fille du banquier rencontré chez Fouquet.  Ils  le recevaient déjà depuis quelques années et l'aimaient beaucoup.
Cette même année est publié le dernier recueil des fables : c'est le livre XII des éditions actuelles. Il est dédié au duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, alors âgé de 12 ans . La plupart des 29 fables de ce dernier recueil avaient été publiées à partir de 1684, dans le "Mercure Galant" notamment.
En 1692, La Fontaine tombe gravement malade et son confesseur l'Abbé Pouget, qui admire en lui un homme"fort ingénu, fort simple", obtient  une abjuration publique de ses contes "infâmes" Il lui fait déchirer sa dernière oeuvre à peine terminée, une comédie.
Le 13 avril 1695 : La Fontaine meurt chez les d'Hervart, rue Plâtrière. Il est inhumé  au cimetière des Saints-Innocents. Le registre paroissial de Saint-Eustache mentionne le décès et l'inhumation.   


1673 Mort de Molière : La Fontaine compose une épitaphe pour la circonstance

1674 
- Première édition de L'art poétique de Boileau qui ne cite pas la fable parmi les genres poétiques passés en revue.

1675
- Turenne est tué à Salzbach

1677
- Boileau et Racine sont nommés historiographes du roi                                                                                                      

1680
- Mort de La Rochefoucauld
- Mort de Fouquet à Pignerol

1683
- Mort de Colbert

1684
- Après la mort de Marie-Thérèse, mariage secret du roi avecMme de Maintenon

1685
- Furetière est exclu de l'Académie Française. La volonté de faire paraître son propre dictionnaire avant celui de l'Académie en est la cause. Il se fâchera avec La Fontaine qui a voté aussi son exclusion.
- Révocation de l'Edit de Nantes

1687
- La Duchesse de Bouillon doit se réfugier en Angleterre
- Mort de Lulli

1693
- Mort de Mme de La Sablière. 

     

   Mal : répétition en début de vers ou anaphore, dramatise ici la situation. *

 

Peste : le terme-clef est rejeté au troisième vers, par superstition, il y a encore des mots qui font peur. *

 

Le rejet en fin de vers souligne l’état d’urgence provoqué par l’épidémie*

 

L’Achéron était le fleuve des Enfers dans la mythologie grecque : par métonymie, le passeur s’enrichit car chaque âme devait payer son obole*

 

La répétition du pronom indéfini dans une sorte de chiasme montre que toutes les classes sociales sont frappées

Une double négation qui vaut une affirmation : la peste touche toutes les classes de la société, directement ou indirectement. *

Les onze termes négatifs montrent les conséquences sociales, morales, catastrophiques de l’épidémie. Il n’y a plus de relations sociales. *

Symbole de l’amour et de la fidélité, a fortiori les autres animaux seront pires encore ! *

Les liquides et les sifflantes imitent le battement des ailes. *

Partant ® donc 1) pour obtenir un octosyllabe 2) pour insister avec les labiales (p) *

Un Roi n’a que des « sujets », pas d’amis. Le ton est hypocrite, le roi reste maître en son Conseil. *

Au sens actuel de catastrophe. La fortune était le destin, bon ou mauvais. « Faire contre mauvaise fortune, bon cœur », faire preuve de courage dans l’adversité. *

Courroux=colère divine. Traits=flèches envoyées par les Dieux de l’Olympe. (cf Artémis/Diane…Zeus…)*

Ėvénement imprévisible=accident*

Se sacrifier, donner sa vie. *

« Goinfre », gourmandise excessive. Louis XIV avait un appétit de Lion. *

Le Berger représenterait Fouquet, ami de La Fontaine, arrêté par le Roi. Fouquet était surintendant des Finances : « il tondait la laine sur le dos des moutons (les contribuables) ». Le rejet donne un ton inquiétant. *

Ton hypocrite ou ironique, tous les courtisans comprennent qu’il n’en est pas question. *

Les gutturales et les labiales en font une sorte de verdict sans jugement préalable. *

Le Renard ne s’accuse de rien, il excuse le Roi en dévalorisant les moutons. Tous ceux qui n’étaient pas nobles, d’épée ou de robe étaient des « canailles ». * 

Cf Brassens, L’Auvergnat, Jacquou le croquant ® un paysan, il croquait des « racines », des légumes. Les aristocrates mangeaient de la viande. Le Lion dévorait, le Renard modère son appétit. *

Un pouvoir imaginaire sur les animaux. Le pouvoir de l’argent (Fouquet) cède le pas au pouvoir aristocratique, le vrai. *

Un mâtin était un chien de garde ou de guerre type molosse. *

Cf Sainte Nitouche pour les filles. « On lui donnerait le bon Dieu sans confession. » *

net® franchement, l’Ane est le seul à le faire. *

Sa peccadille fut jugée un cas pendable. (petite faute) PCD  CPD Le rapprochement des sonorités souligne la disproportion de la peine à l’acte. *

La Fontaine utilise des assonances en i et an pour imiter le discours de l’Ane et le rendre ridicule aux yeux des puissants. *

clerc®  un employé du clergé ou même un prêtre (subsiste dans : clerc de notaire) *

Le discours du Loup *

Terme de chasse : la mise à mort commence. *

Au sens fort : Dieu décrète que le mal est en l’Ane. C’est une accusation de sorcellerie…*

Morale courte mais accentuée par le parallélisme. *

La Fontaine escamote la pendaison. Ce raccourci rend le sort de l’âne encore plus injuste à cause de cette rapidité. *

La pelade et la gale : maladies de peau dues à une mauvaise hygiène. *

­Voir aussi : Le Coche et la Mouche ,

Accueil