Le pain
" La surface du pain est merveilleuse
d'abord à cause de cette impression quasi panoramique
qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition
sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère
des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer
fut glissée pour nous dans le four stellaire, où
durcissant elle s'est façonnée en vallées,
crêtes, ondulations, crevasses
Et tous ces plans
dès lors si nettement articulés, ces dalles
minces où la lumière avec application couche
ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a
son tissu pareil à celui des éponges : feuilles
ou fleurs y sont comme des surs siamoises soudées
par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit
ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles
se détachent alors les unes des autres, et la masse
en devient friable
Mais brisons-la : car le pain doit
être dans notre bouche moins objet de respect que
de consommation. "
Francis Ponge, Le Parti-pris des choses,
1942, Gallimard p 39.
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| QUESTIONS : 1) Quel est le champ lexical utilisé dans les deux premiers paragraphes ? Justifier son utilisation en vous appuyant sur le texte. 2 points 2) Comment le poète oppose-t-il la croûte et la mie ? Que symbolisent ces deux composantes du pain ? 4 points 3) Expliquez les deux expressions soulignées.4 points 4) A la manière de Francis Ponge, décrivez au choix : - un tube de rouge à lèvres ou une boîte à musique. |