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 Un questionnaire pour le Lycée

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Le site internet du Musée 

Document adapté du guide de la visite : Christophe Henning, collection Regards, La Voix du Nord.

 

LA FOSSE DELLOYE ET LE CENTRE HISTORIQUE  MINIER

Au cœur du bassin minier, au creux de la crête boisée de Lewarde, s’élèvent fièrement les deux chevalements métalliques de la fosse Delloye. Après quarante années d’exploitation, le site, un moment voué à l’oubli, respire du souffle d’une nouvelle vie. Depuis 1984, la fosse Delloye est devenue la mémoire vivante de toute une région, de toute une population, de la grande famille de la mine.

C’est au début du siècle que l’ancienne Compagnie des Mines fosse Vuillemin. En 1911, on procède au creusement du puits n°1 jusqu’à 270 mètres comme puits de service pour les recherches. Mais la grande guerre stoppe l’installation. Ce n’est qu’en 1926 que le deuxième puits est creusé pour l’extraction jusqu'à 379 mètres. Dans les années qui suivirent, le raccordement des installations aux Chemins de fer d’Aniche ainsi que la construction des bâtiments et chevalets du jour sont achevés. En 1930, la lampisterie et la salle des pendus sont installées au jour. Au fond, c’est l’installation de la recette d’accrochage à 350 mètres : tout est prêt pour l’exploitation qui débute en 1931.

UNE EXPLOITATION DIFFICILE.

Pendant quarante années, un millier de mineurs, dont huit cents au fonds, travaillent à la fosse Delloye, assurant une production journalière de mille tonnes. Le travail dans cette fosse est difficile. Rares sont les veines qui atteignent un mètre. Avec les années 70 ; les Houillères du bassin du Nord / Pas-de-Calais entrent en récession. Comme pour beaucoup d’autres, c’est l’heure de la fermeture pour le puits de Lewarde. En 1971, après des années d’intense activité, le silence règne sur le carreau de la fosse Delloye.

2 années plus tard, les Houillères décident de préserver le site. Dans un premier temps, la fosse devient le lieu de stockage des machines et outils les plus divers, préfiguration d’une des plus impressionnantes collections de matériel minier. Objets les plus divers, documents et archives aboutissent à la fosse Delloye, préparant un gisement inépuisable d’informations pour les chercheurs et historiens de la mine. Enfin, en 1982, le projet se précise. Véritable conservatoire de la mine dans la région, l’association du Centre historique minier est créée à l’initiative des Houillères, bien sûr, ministère de la Culture et des conseils général du Nord/ Pas de-Calais. Les 7000 m² de bâtiments industriels et de superstructures, les huit hectares d’un site agréablement boisé vont reprendre vie pour témoigner : c’est l’histoire de la mine enracinée dans la région qui racontée aux générations de l’après charbon.

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Une mine… d’informations

Le 3 mai 1984, la fosse s’ouvre aux visiteurs. Ce n’est dans un premier temps que les structures d’exploitation telles qu’elles ont été abandonnées à la fermeture qui sont ouvertes au public. Mais le projet est ambitieux : collecter et présenter sur le site de Lewarde tout ce qui peut faire connaître et comprendre la vie de la mine.

En 1985, s’ouvre la première exposition qui raconte la mine au début du siècle. En 1987, après deux années de travaux, les visiteurs découvrent la pièce maîtresse de Centre historique minier : 450 mètres de galeries reconstituées. La mine sans la mine ne pouvait être la mine. Le souci d’authenticité qui anima les concepteurs, renforcé en 1989 par la descente simulée, restitue avec force la réalité. En passant une heure au fond, c’est pour le visiteur une véritable expérience alors même que – pour des problèmes de sécurité quasiment insolubles – il était impossible de garder un véritable puits. Avec une dizaine de chantiers d’extractions, c’est toute l’évolution des techniques de soutènement, d’abattage, de transport et des conditions de travail du mineur qui sont mises en lumière.

Les mineurs sont nos guides

Mais plus encore que l’importante collection de matériel, c’est l’inestimable témoignage des guides mineurs qui fait la richesse du Centre historique minier. Casque et tenue de mineur, le guide vous raconte son univers, impitoyable et terriblement vivant. Il incarne la dimension humaine de l’aventure du charbon.

D’autres expositions sont venues s’ajouter aux premières. Les activités temporaires comme le salon de la mine, rassemblant de nombreux artistes régionaux, sont créées.

Centre de culture scientifique et technique de la mine et de l’énergie, le Centre se vaut aussi un lieu de recherche et de documentation pour les chercheurs et les historiens. Deux kilomètres d’archives, plus de trente mille clichés, l’héritage d’une grande partie de la documentation des Houillères en font un puits de science pour tous ceux qui veulent bien y piocher quelque information.

Un ensemble très diversifié et qui s’est enrichi progressivement, faisait la joie de ses visiteurs de plus en plus nombreux. Le Centre historique minier de Lewarde est le plus important musée de la mine en France, et le plus fréquenté du Nord/Pas-de-Calais. En 1992, est franchie la barre des 120 000 entrées.

 

SUR LES PAS DU MINEUR

Du bureau du directeur à la lampisterie, voici l’ensemble le plus riche d’information s, alliant une collection de pièces les plus diverses à des panneaux et explication très complets sur tous les aspects de la mine.

270 ANNEES DE CHARBON

Le visiteur passe d’abord devant le bureau du directeur de la fosse Delloye. Responsable de l’exposition, aussi bien des chantiers du fond que le jour, le directeur ou du chef de siége assure la mise en valeur du gisement, aidé par les ingénieurs d’exploitation et les géomètres.

Dans le bureau de ces derniers, on pourra se pencher sur des cartes- certaines très anciennes-qui présentent une zone d’exploitation qui les plans de veines aux noms familiers, comme Gabrielle ou ferdinand. Les plans du bois de Fresnes en avril 1756, berceau de l’histoire minière de la région, ou encore le plan de 1804 de la concession des mines de Vieux-Condés sont des pièces précieuses. Les géomètres vont assurer la mise a jour du plan en fonction de l’avancement du chantier, organiser l’implantation des quartier et de l’aérage. Dans les vitrines sont exposés les instruments de mesures et de repérage des géomètres boussoles, théodolites (mesure des angles verticaux et horizontaux ), niveaux, anémomètres (mesure de la vitesse d’un gaz), éclimètres (mesure de la différence de niveau entre deux points ), rubans de géomètres, chaînes d’arpenteur, bouteilles d’échantillonnage d’air, pochoirs…

Tous un matériel qui permettait de baliser l’exploration souterraine : pas question d’avancer à l’aveuglette.

UNE PETITE PAUSE CHEZ « HONORINE »

Après le bureau des géomètre, voici le grand espace qui abrite l’exposition principale, Mine et mineurs. Mais avant même de se plonger dans la petite et la grande histoire de la mine, une halte s’impose chez « Honorine ».

Cet estaminet, de 1884, c’est le point de ralliement des mineurs, le terreau du syndicalisme naissant, le centre d’une solidarité vraie.

1884, c’est des révoltes. 1884, c’est le temps de Germinal. Avec force et émotion, Emilie Zola à décrit la dure condition des mineurs qui finirent par s’unir. Pour évoquer la petite histoire du syndicalisme, l’estaminet rend bien cette ambiance que le mineur cherchait.

Autour d’un verre, tout en parlent du prochain combat de coqs ou du dernier concours de pigeons, il finissait toujours par parler du travail al’fosse. Le mineur s’y trouve après la remonte pour discuter.

Le dimanche, il vient jouer et toujours discuter. C’est de là que partiront les premiers grands mouvements de grèves. A tel point que les compagnies minières veulent  contrôler ces conflits éclatent localement. Les sanctions sont prises. Par exemple contre Emilie Basly, Germinal Broutchoux ou encore Arthur Lamendin, renvoyés des mines pour leur action et qui s’installent cabaretiers.

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Les drames et les souffrances.

Après la technique, place à l’homme. Le mineur qui a tant souffert. Les catastrophes minières sont recensées : de celle de Bully , le 18 avril 1869, à la dernière en date, le 27 décembre 1974 à Liévin.

Les panneaux expliquent les dangers du grisou et les différentes méthodes de détection, à commencer par le pénitent qui avançait une flamme à bout de bras pour débarrasser les galeries des poches de gaz au risque de sa vie. Autre volet des drames de la mine : la silicose qui tua dix fois plus que les accidents et coups de grisou. Une terrible maladie qui handicape les mineurs aux poumons grignotés par les particules de poussière. Reconnue maladie professionnelle le 2 août 1945, tout fut mis en oeuvre pour réduire les risques de silicose, comme l’injection d’eau dans les murs du front de taille.

La vie du mineur.

Après avoir suivi les panneaux présentant la formation professionnelle, vous pouvez découvrir le quotidien du mineur. « Creuset syndical et social », la mine accueillit plusieurs vagues d’immigration. Ce fut d’abord les voisins belges du Borinage dans les premières années, qui connaissaient déjà la mine. Ce sont ensuite les Polonais qui arrivèrent en masse dans le bassin minier après la Grande Guerre. En 1933, on comptait 34 % de mineurs polonais ! Deux vagues se succèdent enfin, les Italiens après la Seconde Guerre, mais en moins grande proportion, et enfin les mineurs marocains dans les années soixante. La mine, c’est aussi un long combat social. L’exposition rappelle l’histoire du syndicat, la création du syndicat des mineurs du Nord par Emile Basly, les grandes grèves de 1930, 1948, 1963.

Mais autour de la fosse, on de compte plus les institutions sociales : la goutte de lait ou consultation des nourrissons, les écoles des mines, les ateliers, les colonies et centre de vacances.

La marque la plus visible est évidemment l’habitat minier.

Pour fixer la main d’oeuvre à proximité du siège d’exploitation, ce sont de véritables villes qui furent bâties en pleine campagne. Ce sont les cités minières ou corons. C’est la Sacomi qui gère maintenant le patrimoine immobilier hérité des Houillères. Deux maquettes présentent la cité Ardiffret d’Escaudain, édifiée en 1886 par la compagnie des mines d’Anzin. L’autre réalisation présente la cité du Bois Bommard à Flers-en-Escrebieux, des pavillons rénovés.

Le Centre a aussi reconstitué en intérieur minier au début du siècle. La femme de mineur était très fière de son habitation, généralement très soignée. On y trouve le poêle, le baquet, les ustensiles de ménage, les bleus de travail... Mais la vie dans les corons c’était aussi les loisirs : les combats de coqs, la colombophile, le tit à l’arc à la perche, le jeu de billon sans oublier de fêter dignement sainte Barbe, patronne des mineurs, le 4 décembre.

La salle des pendus et la lampisterie

Sur les traces du mineur, il faut poursuivre la visite dans des lieux très bien conservés où les ombres mêmes des ouvriers font encore vivre le monde de la fosse.

Il y a tout d’abord la salle des pendus, qui sert à la fois de vestiaire et de douche. Ce n’est qu’en 1890 qu’apparaissent les premières douches créées par la compagnie d’Anzin. Auparavant, le mineur se lavait chez lui. Très vite, les douches ont été installées dans tout le bassin. On procéda à la pendaison des vêtements pour deux raisons : tout d’abord, il fallait laver la salle des douches plusieurs fois par jour. Ensuite, l’air chaud en hauteur faisait sécher les vêtements. Grâce aux cordes cadenassées, les mineurs pouvaient ainsi « ranger » leurs effets personnels.

Une fois en tenue, le mineur passait devant le bureau du délégué-mineur. Elu par ses pairs pour trois ans, il veillait au respect des règles d’hygiène et de sécurité et transmettait les remarques à la direction. Lors des accidents, il participait à l’enquête pour déterminer les causes du drame.

Le mineur passait ensuite à la lampisterie. Celle de la fosse Delloye est dans l’état. Les femmes remplissaient les lampes que les mineurs retiraient en échange d’un jeton numéroté qui permettait de pointer la présence du mineur à son poste de travail et, en cas d’accident, de dénombrer les mineurs restés au fond. Suit l’infirmerie, où étaient prodigués les premiers soins des blessés. Une fois équipé, le mineur n’avait plus qu’à emprunter la passerelle d’accès au puits n°2 le menant au moulinage.

De l’autre côté, sous la grande verrière, vous pourrez encore découvrir d’impressionnantes machines, locomobiles à vapeur, treuils d’extraction, compresseurs… Pendant longtemps, la seule énergie mécanique qui put être utilisée fut l’air comprimé, l’électricité et la vapeur étant trop dangereuses au fond. Ce n’est qu’avec l’arrivée des coffres antidéflagrants que l’électricité fut enfin utilisée dans la mine.

LE CIRCUIT MINIER

Avec le circuit minier, vous pouvez descendre au fond… comme si vous y étiez ! Il suffit pour cela d’embarquer dans le train du personnel… même si les vrais mineurs empruntaient en fait la passerelle qui mène de la lampisterie au moulinage.

VIVRE UNE HEURE AU FOND

Avant de descendre, vous pourrez observer les installations de triage du charbon, un travail souvent confié aux femmes. Au pieds du puit n° 2 – à bord d’un ascenseur bien moderne à coté de la cage dans laquelle se seraient les gueules noires – la descente simulée à cinq cents mètres de profondeur vous conduit à l’accrochage, le point de départ des galeries, le point de passage obligé des hommes et du charbon entre le fond et le jour.

Reconstitué par d’anciens mineurs, le circuit minier présente l’évolution des techniques depuis un siècle. Les seuls sacrifices concédés pour l’accueil du touriste sont l’accès facile et des conditions « climatiques » - chaleur, humidité, poussière – plus agréables que la réalité. Dans les voies d’exploitations, il faut bien se rendre compte que le couloir où peut déambuler sans difficulté le visiteur, n’existe pas. Mais, c’est avec un réel souci d’exactitude qu’est présenté le travail du mineur à l’aide de mannequins et de matériels ayant vraiment été utilisés au fond. C’est ce qui rend cette visite particulièrement impressionnante. La faible lumière recrée l’ambiance du fond, les bruits qui résonnent sous les voûtes de pierres, avec les indispensables consignes de sécurité – le port du casque est obligatoire ! – vous plongent de plain-pied dans l’univers du mineur.

LA MEMOIRE DES GUIDES

Le musée de la mine, c’est la transmission d’une mémoire vivante. Les tableaux sont nombreux, évoquant les différentes époques illustrées par un son lumière. Un commentaire clair, qui permet aux petits comme aux grands de saisir l’extraordinaire défi technologique et la terrible âpreté d’un travail exténuant. Les bruits sont pourtant étouffés. Les explosions Sans risque, les éboulements fictifs… Mais l’illusion est parfaite.

La mémoire, ce sont encore les trente guides, tous anciens mineurs. Ils ont vécu dans les entrailles de la terre pour en extraire le charbon. Casque et tenue de mineur, ils témoignent plus qu’ils ne racontent. Dans la mine reconstituée, il n’est pas rare qu’ils restituent un peu de leur émotion, rappellent un souvenir, pourvu que l’on se prête au jeu des questions-réponses. Mais laissons nous guider par ce galibot de l’après-guerre, ce jeune mineur qui suivit la formidable bataille du charbon pour voir finalement s’éteindre doucement et disparaître la mine.

Le travail de la mine

Première étape : un bure, ou puits secondaire, qui permet la prolongation d’un puits principal reliant deux niveaux d’exploitation. Dès ce premier tableau, les trois éléments d’un chantier de mine sont présentés : creuser, évacuer les pierres ou le charbon et assurer la circulation de l’air, du personnel et  Du matériel. On peut faire connaissance avec les mannequins aux yeux clairs et à la peau noircie de charbon. L’un d’eux, dans le cuffat ou panier, un grand chaudron de métal descendu à l’aide d’un treuil, présente l’un des modes de transport de la mine dans les puits verticaux. Les machines sont présentées dans le cadre des chantiers. Machines à air comprimé  d’abord, dés les années trente , treuil de halage pour remplacer autant que possible les chevaux, pompe pour l’évacuation de l’eau qui se substitua au caniveau menant l’eau jusqu’à l’accrochage.

Deuxième tableau : l’époque de Germinal. Même si l’exploitation commença dans les années trente à la fosse Delloye, le circuit minier présente le travail de la mine sur une plus large époque et dans les différentes conditions d’exploitation du Nord et du Pas-de-Calais.

Dés la rencontre d’une veine de charbon, on creuse la voie de pied et- cinquante à cent mètres plus haut- la voie de tête. Entre ces deux galeries, barrette sur la tête et espadrilles aux pieds, on creuse la taille – parfois très pentue et de faible épaisseur – pour aller chercher le charbon tout en assurant le galibot pousse le wagonnet jusqu’à la galerie principale. Sur le   Front de taille, le marteau-piqueur apparaît peu avant la guerre de 1914.

Techniques de boisage, modes de transport sont ensuite exposés dans la galerie de circulation ou bowettes avec la rencontre notamment du cheval qui tire une douzaine de wagonnets soit six tonnes de produits jusqu’au pied du puits.

Brave cheval de labeur, qui partageait les conditions pénibles du travail des mineurs au fond et qui ne remontait au jour qu’à l’occasion de longues périodes de fermeture des fosses, notamment en cas de congés ou de grèves, ou encore lorsqu’il était gravement blessé ou malade.

Techniques d’exploitation

Les techniques évoluent…les mineurs suivent. Parfois avec difficulté. Passer du bois à la poutrelle métallique, c’est difficile : la pièce de bois s’ajuste et surtout…elle parle, elle craque. Le mineur à l’écoute peut surveiller pour éviter la rupture : c’est aussi cela le savoir-faire.

Voici les années trente. Une machine va enfin se charger de véhiculer le charbon du lieu d’abattage à la galerie principale, la glissière métallique oscillante. L’exploitation se fait toujours par niches successives comme le montrent les mannequins rivés aux outils de l’époque. L’édification en quinconce de piles de soutènement à l’arrière du chantier Facilite le foudroyage – l’éboulement des terres après l’exploitation – lors du poste de nuit qui entretient le matériel et prépare le chantier d’exploitation des deux postes de la journée.

Les années cinquante voient l’arrivée de la véritable mine moderne. Les mineurs sont maintenant en bleu de travail, chaussés, casqués. Le principal progrès, c’est l’injection d’eau : la mécanisation a multiplié le dégagement de poussières dans l’air… et la silicose a progressé en même temps ! L’injection d’eau dans le mur du front de taille avant l’abattage a atténué quelque peu les poussières. Le convoyeur à raclette blindé, entraîné par des chaînes sans fin, a remplacé le convoyeur oscillant. Et surtout, c’est l’arrivée des étançons métalliques télescopiques qui remplacent le bois.

Les rallonges – les plumes – fixées sur les étançons soutiennent le toit au-dessus de l’abatteur lui laissant plus de place. Mais ceux qui continuent à assurer le soutènement n’en resteront pas moins des abatteurs-boiseurs, récupérant les étançons au fur et à mesure de l’avancement du chantier exploité sans discontinuer : c’est la grande bataille du charbon.

Mécanisation et sécurité

Le creusement de galerie progresse aussi. Les tailles avancent plus vite, il faut creuser plus rapidement. Les machines se perfectionnent : le marteau piqueur perforateur est plus puissant, plus maniable avec sa béquille, le scraper déblaie le terrain. Les mineurs deviennent des mécaniciens. Le transport se développe aussi avec le monorail. Le soutènement métallique des voies est généralisé avec des cadres au profil et au cintrage calculés pour résister aux grandes pressions des terrains à cinq cents, voire huit cents mètres sous terre. Les structures voûtées aux croisements de galeries-une carrure-sont comme l’hommage des mineurs aux arcs gothiques des cathédrales.

Autre défi de la modernisation de la mine : l’électricité. Les catastrophes trop nombreuses ont laissé des cicatrices indélébiles du dangereux grisou, le méthane dégagé par le charbon, inodore, qui explose à la moindre étincelle, déclenchant le plus souvent un coup de poussière dévastateur, c’est-à-dire, l’inflammation instantanée des poussières de charbon ambiante. C’est une réaction en chaîne qui se déplace au moins à la vitesse du son et souvent à 2000 m/s. En 1906, à Courrières, ce sont ainsi 110 km de galeries qui ont été parcourus en quelques minutes. Les coffrets antidéflagrants abritent les transformateurs. C’est aussi dans les années cinquante que le téléphone, élément d’une meilleure communication, est généralisé.

Dernières étapes de la modernisation dans les années soixante :Le creusement des voies est effectué par le pantafore, perforateur à bras multiples, avec injection d’eau et conduite mécanique. Le chantier d’abattage accueille maintenant la haveuse ou le rabot qui travaillent sur le front de taille alors que le soutènement marchant hydraulique assure la sécurité de la taille. La haveuse pratique une saignée à la base de la veine de charbon, provoquant l’éboulement du minerai, entraîné par le convoyeur. Le rabot aux couteaux multiples est déplacé le long de la paroi. Quant aux étançons, ils assurent leur propre déplacement en alternance : l’avancement du soutènement marchant est confié au biduleur. Les locomotives électriques ou diesel tirent quarante berlines, soit cent à cent cinquante tonnes de charbon.

Une haute technicité s’est emparé du fond. Au travail physique du mineur s’ajoutent les contraintes techniques, les conditions difficiles dans les veines étroites, le ruissellement de l’eau, le bruit des machines. Les dispositifs de sécurité se sont développés. Et puis, l’heure de la fermeture a sonné. C’est le silence qui envahit les galeries.

Le mineur a posé ses outils, ceux-là même qui sont présentés, une heure durant, dans le circuit minier du Centre. Restent les souvenirs. Ceux que les mineurs retraités, devenus guides dans leur univers reconstitué, évoquent. Fiers de leur métier, ils témoignent de ce passé encore récent émaillant leur visite d’anecdotes personnelles, tristes ou gaies, de celles qui ont fait le quotidien du mineur. Un dur métier !

LES EXPOSITIONS THEMATIQUES

Le Cheval, compagnon du mineur

L’aménagement récent du puits n°1 est doublement intéressant. Il donne tout d’abord un nouveau souffle de vie au centre avec les molettes du chevalets qui tournent maintenant.

C’est ensuite l’exposition le cheval et la mine quoi complète la visite des installations, du jour comme au fond.

Voir les molettes tourner est un événement. Pour peu que vous suiviez cela du carreau de fosse aux côtés d’un ancien mineur, vous comprendrez l’émotion qui l’étreint. Ayant l’œil :

Cette animation se répète plusieurs fois chaque jour et il serait dommage de ne pas s’arrêter l’instant d’un tour de molettes, l’ombre d’une activité finie, symbole d’une vie souterraine, d’une descente dans les entrailles de la terre, image de la mine vivante.

Ce mouvement, cette vie qui reprend, il faut encore l’observer au pied du puits n°1, le puits de retour d’air. En effet, l’entrée du puits a été réouverte, les cordées à nouveau installées pour faire descendre les cages. Des portes de plexiglas ont remplacé les grilles métalliques permettant une meilleur vision de la cage qui entraînait hommes, machines et chevaux pour le dur travail de fond et qui remontait le charbon. Selon les modèles, à la vitesse de huit mètres/seconde, les cages pouvaient transporter en moyenne trente hommes ou quatre berlines. Les cages pouvaient être reconstituées de deux, voire trois étages.

Aux abords du parking, le Centre en stocke plusieurs modèles.  Haut du document

La force du cheval

Le cheval fut pendant très longtemps le compagnon fidèle du mineur. C’est plus que l’ami de l’homme : à plusieurs centaines de mètres sous terre, c’est véritablement un complice qui connaît les affres du travail de la mine. Pendant des siècles, le cheval pris sa part du labeur de l’homme. Dès le XVI e siècle, il travaille au transport des matières dans les mines de sel et de fer. Dès l’exploitation des premières mines de charbon du Nord/ Pas-de-Calais, il est sur le carreau, attelé à un manège et relié aux tambours sur lesquels sont enroulées et Dérouler les cordes de chanvre remontant les tonneaux de charbons. Au milieu du XIXe siècle, le cheval descend au fond.

Il vient remplacer les herscheurs, ces mineurs qui poussaient les berlines du front de taille jusqu’à l’accrochage.

Désormais, c’est une douzaine de berlines que le cheval tracte dans la galerie principale (voire la scène reconstituée du cheval tirant un train de berline dans le circuit minier ). Avec ces dures conditions de travail, des liens très fort unissent le conducteur et son cheval.

C’est un élément vital de l’exploitation minière du début du siècle, assurant le transport du charbon au fond mais aussi de multiples tâches au jour. On compte près de cinq cents chevaux par compagnie minière dans les années 1920. En 1936, les congés payés, les quarante heures hebdomadaires permettent de remonter les chevaux du fond.

C’est à cette époque que la compagnie des Mines d’Aniche installe une

Ecurie dans le clichage du puits n° 1. Après la seconde guerre mondiale, les locomotives vont lentement, mais inexorablement prendre la place des chevaux. Les derniers remonteront dans les années soixante.

Le charbon et les chaudières

Dans l’ancienne salle des chaudières de la fosse Delloye que pouvait-on exposer sinon cette petite histoire du chauffage et du charbon ? Principale source de chaleur pendant des siècles, le charbon fut utilisé de bien des manières. Là encore, les progrès technologiques se sont succédé, faisant de la houille – aujourd’hui encore – une source d’énergie que l’homme maîtrise de mieux en mieux.

Cinq manière d’aborder l’histoire de la chaleur-charbon : de tous poêles raconte l’histoire des chaudières et des convecteurs. Suivent les présentations du charbon combustible, de la température et de la chaleur., du charbon aujourd’hui et des économies d’énergie.Tout commence avec la présentation des monstrueuses chaudières industrielles qui assuraient le chauffage des bains-douches et des bâtiments de triage-criblage. Ces chaudières à vapeur de type Field ont été construites en 1928. Elles avaient une production de 0,15 t par heure de vapeur pour une consommation journalière de 325 kg de charbon. Voisinant avec ses imposantes machines, toute une collection de poêles, de cuisinières, de convecteurs, à l’esthétique parfois très soignée, du début du siècle jusqu’à nos jours, est présentée. Cette exposition se complète encore par des panneaux rappelant l’histoire du chauffage domestique au charbon. De la découverte du feu, enfin maîtrisé par l’homme, à la mise en œuvre des techniques les plus élaborées en passant par les brasero, les cheminées, les poêles, c’est toute l’histoire de l’Humanité racontée au coin du feu.

Charbon et température

Comment bien comprendre ensuite température et chaleur : l’homme est bien évidemment sensible aux variations de température, mais il fallut beaucoup d’ingéniosité pour réussir à les mesurer. Les grands savants s’intéressèrent tous à ce domaine et l’histoire scientifique est là encore racontée avec illustrations et gravures. D’anciens matériels sont aussi présentés, comme le compresseur de Berthelot ou l’enregistreur universel Boulitte : de véritables pièces de collection.

De la houille au charbon domestique, il faut encore suivre quelques étapes. Le charbon qui arrive à la recette, en haut du puits, n’est pas immédiatement utilisable. En vrac, mêlé à de la terre, des schistes, des scories de toutes sortes, il doit être lavé, trié, calibré et classé selon ses qualités. Les utilisations du charbon seront encore multipliées avec les traitements possibles comme la fabrication de boulets par agglomération de poussières de charbon ou encore les cokes de carbonisation. Et le charbon constitue encore une source d’énergie non négligeable. Si les gisements du Nord/Pas-de-Calais sont définitivement fermés, se chauffer au charbon est toujours d’actualité. Le charbon reste un combustible bon marché dont on recense des réserves importantes bien réparties sur la Surface du globe. Les techniques de maîtrise de l’énergie se sont aussi beaucoup développées : il suffit d’observer sur la maison modèle tous les travaux qui peuvent être réalisés dans une habitation individuelle.

Document adapté du guide de la visite : Christophe Henning, collection Regards, La Voix du Nord.

Le charbon, il y a 345 millions d’années

Le charbon, c’est une vieille histoire ! Celle ci est racontée à travers une exposition très complète du Centre. Lorsque le temps se mesure en millions d’années, on découvre une végétation luxuriante. C’est dans ces marais que le charbon a pris naissance. La faune, la flore de ces régions lagunaires sont présentées avec la maquette d’un marécage houiller carbonifère. De cette histoire, il nous reste des fossiles très nombreux, exposés ici pour illustrer les panneaux didactiques de la formation de la houille.

PETITE HISTOIRE DE LA MINE DANS LE NORD PAS-DE-CALAIS

La région du Nord /Pas-de-Calais est définitivement marquée de l’empreinte de la formidable aventure du charbon. Une aventure qui a duré 270 ans. Un extraordinaire défi industriel, économique, social que les mineurs ont vécu de Condé-sur-l’Escaut à Auchel, en passant par Liévin, Oignies ou Roost-Warendin. Une histoire colossale qui reste pour quelques années encore dans la mémoire vivante de milliers de familles du bassin minier . Une histoire marquée par ses découvertes fabuleuses, ses heures glorieuses, ses peines et ses larmes, et le souvenir d’un pari fou qui pendant plus de deux siècles et demi a fait vivre une région au rythme de ses entrailles, de ses veines charbonnières mais surtout au rythme du cœur des gueules noires.

L’histoire du charbon est, elle, beaucoup plus ancienne. Il y a quelque 245 millions d’années, foisonnaient les forêts équatoriales. C’est au cours de l’ère primaire, à l’époque carbonifère que furent réunies toutes les conditions nécessaires à la formation de la houille. Et s’il fallut attendre le début du XVIIIe siècle pour que le charbon intéresse véritablement les gens du Nord, celui-ci était exploité quelques dizaines d’années auparavant dans les contrées de Mons et Charleroi. C’est non loin de la place forte de Condé, dans le bois de Fresnes aux confins de l’Escaut et de la forêt abbatiale de Saint-Amand, que le 3 février 1720, le vicomte Jacques Désandrouin, Nicolas Desaubois et leurs associés découvrent une veine de quatre pieds d’épaisseur (1,20 m ) à 35 toises de profondeur (70m) . L’exploitation débuta une quinzaine d’années plus tard à Anzin, siège de la première compagnie houillère en 1754.

Un formidable enjeu

L’aventure ne faisait que commencer. La concession des Mines d’Aniche, sur laquelle sera creusée la fosse Delloye de Lewarde, était accordée par arrêt du Conseil d’Etat le 10 mars 1774 au marquis de Traisnel. L’exploitation de couches minces et très accidentées dans ce secteur est très pénible et difficile, même si on utilise déjà les machines à vapeur. La Révolution vient perturber le développement de la mine. Mais l’Etat ne tarde pas à comprendre l’enjeu de l’aventure du charbon. En 1810, la ‘propriété perpétuelle des concessions’ est instituée, assurant une relative pérennité aux financiers qui veulent investir dans le charbon.

Nouveau chapitre dans l’histoire de la houille et de la région, la découverte le 7 juin 1842 d’un gisement à Oignies par des chercheurs … d’eau ! Depuis des années, on s’épuisait à localiser le prolongement  du Bassin houiller vers l’Ouest. Le Bassin connaît alors un formidable essor. Jusqu’aux collines de l’Artois, le paysage minier prend tournure. De 9 000 ouvriers dans les compagnies du Nord en 1840, on arrive à 85 000 mineurs en 1900 pour l’ensemble du Bassin où sévit une rude concurrence entre les compagnies qui produisent déjà vingt millions de tonnes par an.

La bataille du charbon

Dès lors, l’exploitation minière accumule les avancées technologiques. Les grèves des mineurs, dures, nombreuses, ponctuent dès la deuxième moitié du XIXe siècle la vie sociale ( voir l’exposition Le temps des révoltes à l’estaminet d’Honorine). Les accidents, les terribles catastrophes soulignent à chaque fois le danger de la mine : il suffit d’évoquer…

Courrières, 1906, plus d’un millier de morts, treize rescapés et tout récemment Liévin, le 27 décembre 1974, quarante-deux morts, cinq survivants…C’est dire que la sécurité fur l’un des soucis majeur durant toutes ces années de labeur.

Il faudra plusieurs années pour que le Bassin se remette des dommages causés par la Grande Guerre, puits inondés, matériel détruit. Au début des années trente, la production atteint le niveau record de 35 millions de tonnes. Le charbon prend une place prépondérante dans le développement des activités industrielles. De même, nationalisés en 1946 , les puits des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais travaillent pour le relèvement économique de la France. 220 000 mineurs dans cent dix sièges se lancent dans la bataille du charbon.

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