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Bonsoir,

J'ai découvert ce soir un site où sont répertoriés plus de 80 sites de Professeurs de Français et Professeurs de Lettres : les vôtres.
Je ne résiste pas à vous envoyer ce courriel.
Professeurs de Français, Professeurs de Lettres, je m'adresse à vous car parmi vous il y a, j'en suis sûr, des chercheurs, des seizièmistes et pourquoi pas des ... passionnés d'Etienne DOLET.

Avec mon ami, Marcel PICQUIER, professeur de Lettres à la retraite, auteur du livre (mars 2002) : Etienne DOLET - humaniste lyonnais mort sur le bûcher, 1509 - 1546, nous cherchons à rassembler tout ce que l'on peut connaître sur la vie d'Etienne DOLET, sur ses oeuvres, nous essayons au sein de l'Association que Marcel a créée à Lyon : Association des Amis d'Etienne DOLET, de donner à Etienne DOLET la place qu'il est en droit d'avoir dans cette ville de Lyon où il a vécu pendant plus de dix ans, sans oublier Toulouse, la ville où commencèrent ses premiers déboires, Orléans, la ville où il est né et bien sûr Paris où il fut brûlé avec ses livres, place Maubert.

Par ailleurs Claude BOCQUET de l'Institut Etienne DOLET de Lausanne, professeur à l'université de Genève, auteur d'un livre paru en 2001 : Etienne DOLET, réinterprété est lui aussi impliqué dans notre association puisque fin septembre 2002 nous avons eu l'honneur de l'accueillir à notre assemblée générale où il a abordé le thème de "Etienne Dolet était-il athée". Voilà en quelques phrases le formidable mouvement dans lequel nous sommes engagés où ... il ne manque que vous !

Vous pouvez nous aider, Etienne DOLET a été un important artisan de la langue française (je joins à ce courriel le texte écrit en 1540 sur "la Manière de bien traduire une langue en aultre".


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Mais laissez-moi vous retracer rapidement la vie d'Etienne DOLET :
Etienne DOLET est mort sur le bûcher, accusé d’avoir nié l’immortalité de l’âme. Il a fait dire à Socrate qu’ " après la mort tu ne seras plus rien du tout ", chacun sait que cette erreur a été un prétexte pour en finir avec un homme qui a accumulé au cours de sa courte vie bien des griefs qu’ils soient d’ordres juridiques ou religieux.

Les années 1544-1546 sont marquées par une atmosphère de guerre civile sur fond de réforme, Etienne DOLET a payé sa liberté de pensée sur le bûcher.

Le texte attribué à Platon tiré de l’Axiochus contient les mots suivants :

"su car ouk esei" (désolé je n'ai pas de police grecque) qui se traduisent par "en effet tu ne seras pas ", Etienne Dolet a traduit "en effet tu ne seras plus rien du tout" ainsi a t-il ajouté trois mots, mais dans son esprit y avait-il réellement une allusion à la négation de l’immortalité de l’âme ? Ainsi est-il jugé hérétique et condamné au bûcher.


Mais qu'est ce qui a pu se passer dans la vie d’Etienne DOLET pour qu’une aussi cruelle fin lui soit promise ?


Sa vie commence par une énigme, né à Orléans en 1509 nous ne connaissons pas ses origines familiales et lui-même ne nous éclaire que très peu dans ses écrits : " Mes parents occupaient dans le monde un rang honorable…. ". Il semble avoir été visiblement délaissé par ses parents, toujours est-il que ses protecteurs l’envoient à l’âge de 12 ans suivre les cours de Nicolas Béraud qui fut le précepteur des trois grands Coligny, l’amiral, le cardinal et le général.


Après cinq années d’étude de la rhétorique et de la littérature latine ses pensées se tournent vers la très grande et très renommée université de Padoue. Il suit les cours de son maître Simon de Villeneuve (Villanovanus) qui lui enseigne la pureté du style latin et l’art de la rhétorique. Il lui voue une très grande admiration et à sa mort, survenue en 1530, Etienne DOLET écrit une ode qui nous prouve combien était grande l’amitié entre le maître et l’élève :

Extrait du livre de Richard Copley Christie, Etienne DOLET, le martyr de la Renaissance, sa vie et sa mort 1886, p32

" O mihi quem probitas, quem vitae candor amicum
Fecerat, o, stabili foedere juncte mihi
O, mihi quem dederat dulcis fortuna sodalem,
O, mihi crudeli morte perempte comes :
Jamne sopor te aeternus habet, tenebraeque profundae
Tecum ut nunc frustra carmine moestus agam ?
Quod nos cogit amor, surdo tibi forte canemus,
Sed nimii officii non pudet esse reum.
Chare vale, quem plus oculis dileximus unum,
Et jubet, ut mage te semper anemus, amor.
Tranquillae tibi sint noctes, somnusque quietus,
Perpetuoque sile, perpetuoque vale.
Et si umbris quicquam est sensus, ne sperne rogantem,
Dilige, perpetuo cui quoque charus eris. "

" O toi qu’une vie toute de probité et de candeur ont fait mon ami,
Toi qui fus uni à moi par un lien indissoluble,
Toi que la fortune compatissante me donna pour frère,
Toi, mon compagnon, qui m’a été enlevé par la cruelle mort,
Es-tu plongé, dans un sommeil éternel, et dans une obscurité profonde,
Au point que je t’adresse en vain mes tristes chants ?
Cependant cédant à l’amour, je chanterai, même si tu ne dois pas m’entendre.
Que m’importe d’être accusé de t’aimer trop tendrement ?
Adieu, cher, toi que j’ai aimé plus que mes yeux,
Et que l’amour m’oblige d’aimer toujours plus,
Puissent tes nuits être tranquilles, et calme ton sommeil ;
Jouis d’un éternel silence, d’un éternel bonheur.
Et si, dans le monde des ombres on peut encore éprouver quelque sensation,
Ne rejette pas ma prière, mais aime celui pour qui tu seras toujours cher. "

Au total il reste quatre années à Padoue avant de suivre l’Evêque Jean de Langeac nommé ambassadeur à Venise ; il est son secrétaire pendant toute l’année de l’ambassade.


De retour en France l’Evêque de Langeac, qui sera un de ses protecteurs, le fait inscrire à la faculté de droit de Toulouse.

Les deux années qu’Etienne DOLET passe à Toulouse sont déterminantes pour la suite de sa vie. Suit-il réellement les cours à l’université de droit, nul ne le sait précisément mais il devient l’orateur de la nation française au sein de l’association des étudiants de France.

Il prononce, comme c’est la tradition, un discours et se trouve pris à partie, verbalement, par l’orateur de la nation aquitaine un dénommé Pinache. Il répond dans un second discours très violent à son interlocuteur et en même temps s’emploie à critiquer le parlement de Toulouse et les habitants de Toulouse en sorte qu’il est emprisonné trois jours et doit son salut à l’intervention d’un autre protecteur l’Évêque de Rieux Jean des Pins. Le Premier Président du Parlement de Toulouse Jacques de Minut le fait libérer.


Il s’enfuit de Toulouse et, très malade arrive à Lyon où la recommandation de son professeur d’université et ami toulousain Jean de Boyssonné lui ouvre les portes de l’imprimeur allemand Sébastien Gryphe. Il est très certainement soigné par François Rabelais alors médecin à l’Hôtel Dieu de Lyon.


Ses deux discours de Toulouse sont imprimés vraisemblablement sur les presses de Sébastien Gryphe car le nom de l’imprimeur ne figure pas sur l’ouvrage. Etienne DOLET devient correcteur dans son imprimerie et quelques années plus tard il s’installe à son tour comme imprimeur rue Mercière à Lyon à l’enseigne de la Doloire d’Or.

Plus de quatre vingts ouvrages sortiront de ses presses, parmi ces ouvrages une réédition de l’édition originale du Gargantua et le Pantagruel de François Rabelais ainsi que les œuvres complètes de Clément Marot.


Etienne DOLET obtient du roi de France François 1er le privilège d’imprimer pour dix années mais il subit la convoitise et la jalousie de certains des imprimeurs lyonnais ainsi que leur colère, si ce n’est leur haine et, pour avoir soutenu et encouragé une grève –le tric- des ouvriers imprimeurs lyonnais qui réclamaient une meilleure rémunération et de meilleures conditions de travail… il suscite une vengeance qui le conduira à la mort. Il est poursuivi par l’inquisition et par la sorbonne, accusé de répandre et détenir des livres interdits - ceux de l’église réformée.


Le 31 décembre 1536, il est attaqué, nous dit-il, dans les rues de Lyon par un peintre nommé Compaing, il tue ce dernier qui l’avait attiré dans un guet-apens. Ce n’est qu’après s’être précipité aux pieds de François 1er pour implorer sa grâce qu’il peut regagner Lyon mais auparavant ses amis, BUDE, BERAULD, DANES, TOUSSAIN, MACRIN, BOURBON, DAMPIERRE, VOULTE, RABELAIS et enfin MAROT organisent en son honneur un banquet mémorable. De retour à Lyon avec le pardon du roi en poche il n'est pas pour autant à l'abri puisque à nouveau il est pris et emprisonné. Il doit son salut à sa fuite dans le Piémont voisin.

Mais le désir de retrouver sa femme, son fils Claude et pour, à nouveau crier son innocence auprès de François 1er, il revient en France. Repris avant d’avoir pu rencontrer François 1er, il reste en prison plus de deux années, continue à écrire –le Second enfer-, enfin il est condamné à être pendu puis brûlé.


Il meurt le jour de la Saint Etienne, son patron, à deux pas de Notre Dame de Paris, sur la place Maubert.

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Voilà racontée en quelques lignes la vie courte et tumultueuse d'Etienne DOLET, mort le jour de ses 37 ans.

J'espère avoir excité votre curiosité et vous avoir donné envie de vouloir connaître un peu plus Etienne DOLET, sa passion pour la rhétorique, pour Cicéron, son combat pour ses idées, sa soif de connaissance, ses passions et un mystère toujours non éclairci, celui soulevé par Claude LONGEON, hélas aujourd'hui disparu : Etienne DOLET avec son ami Clément sont-t'ils les auteurs d'au moins quatre "Comptes amoureux" attribués à Jeanne FLORE et ont-t'ils signé ces "comptes" sous le nom d'emprunt de Jeanne FLORE , thèse reprise par G.A. PEROUSE et sur laquelle planche actuellement Marcel PICQUIER.

Merci de me répondre, je suis à votre écoute si vous souhaitez obtenir des renseignements, documents. Je peux aussi vous mettre en relation avec Marcel PICQUIER et Claude BOCQUET, faites suivre ce message aux personnes susceptibles de pouvoir nous aider ou désireuses d'approfondir leur connaissance de la vie d'Etienne DOLET et de ses oeuvres.

J'aurai certainement des questions à vous poser ce sera dans un autre courriel.

Vale Tholosae jcDolet

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BIOGRAPHIES :


Parution de deux ouvrages, le premier publié fin déc 2001, par l’institut Etienne Dolet de Lausanne " Etienne Dolet, traducteur réinterprété " est l’œuvre de Claude BOCQUET, professeur d’histoire et des théories de la traduction à l’Université de Genève,

le second de mon ami Marcel PICQUIER publié début 2002 sous le titre : " Etienne Dolet 1509 – 1546 Imprimeur humaniste lyonnais mort sur le bûcher ",


D’autres biographies et études anciennes comme :

Christie, Richard Copley : Etienne Dolet, le martyr de la renaissance. Sa vie, sa mort (1886), (ouvrage de référence)

Boulmier, Joseph : Estienne Dolet, sa vie, ses œuvres, son martyre (1857),

Galtier, Octave : Etienne Dolet, vie, œuvre, caractère, croyance (1907)


et bien d’autres encore…Née de la Rochelle, Mattaire, Chassaigne, Michel Magnien, Claude Longeon…


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Vous trouverez ci-après le fac-similé de l’édition originale de l’œuvre d’Etienne DOLET " La manière de traduire d’une langue en une autre "


Je souhaite que la lecture de ce texte vous entraîne à vouloir mieux connaître Etienne DOLET et peut-être pourrez-vous dire qu’il fut non l’unique " inventeur " de la traduction mais véritablement l’un des grands précurseurs de la traductologie.

Il établit en son temps les règles toujours actuelles de la traduction et comme l’écrit Claude BOCQUET :

" DOLET ne fut-il pas le premier à employer le terme de traduction "


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Jean Claude DOLET

4, impasse des GENETS

31650 Saint ORENS de GAMEVILLE

Tél : 05 61 39 86 85

Mèl : jcdolet@wanadoo.fr




 

 
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