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Le mot « classique » a aujourd’hui plusieurs sens. Par « classique », ont peut entendre « habituel », ou « conforme » à l’ordre social, comme par exemple dans l’expression « une coupe de cheveux classique ». On qualifie aussi de « classiques » des livres écrits avant ou après la période classique. Cette période, du début du XVIIème siècle et s’épanouissant vers 1660-1680, a vu naître un courant de pensée qui a touché tous les domaines artistiques : le classicisme.

            Nous allons dans cet exposé définir le classicisme littéraire et énoncer les caractéristiques communes à tous les écrivains classiques. Nous aurons donc à aborder l’Histoire de ce mouvement à travers les siècles, ce qui nous amènera à nous demander si le classicisme est bel et bien mort avec les grands écrivains du XVIIème siècle, ou bien s’il a eu et a toujours des prolongements dans la littérature des siècles suivants.

Le classicisme est un dérivé du mot "classique", emprunté au latin classicus, "de première classe" ; par métaphore, le terme a été employé dès le deuxième siècle pour désigner un auteur ou une oeuvre d'excellence, digne de devenir un modèle.

Dès le haut Moyen-Âge, l'adjectif "classique" est associé à la mémoire de l'Antiquité dont les oeuvres sont admirées et étudiées ; de cette étude dérive l'autre signification du mot, par une erreur étymologique : auteurs et oeuvres classiques deviennent ceux qui sont étudiés en classe et ont valeur d'exemplarité, ce qui explique la dérive de sens. Le classicisme peut devenir académisme, conformisme, conservatisme.

Le classicisme littéraire, en 1825, est un ensemble de caractères propres aux grandes oeuvres littéraires de l'Antiquité et au XVII siècle. Le classicisme est donc une théorie littéraire qui recherche l'imitation des anciens et des auteurs du XVII siècle.

Qu’est-ce que le classicisme ?

Naissance d’un mouvement

Le classicisme est plus qu’une simple mode artistique éphémère, c’est avant tout une  philosophie, une façon de voir les choses qui est née avec la Renaissance et les pensées des humanistes européens.

En effet, si pour nous, le terme « classiques » évoque avant tout les auteurs français du siècle de Louis XIV, il englobait à cette époque les grands auteurs de l’Antiquité grecque et latine : Homère, Ovide, Cicéron, Socrate, Phèdre, Plaute, Horace, Aristophane ou encore Aristote. Ces auteurs avaient été redécouverts à la Renaissance et même traduits en français.

Ces « anciens » devinrent très populaires et, dès le XVIème siècle, firent l’objet d’un véritable culte par les auteurs français. Le mot lui-même est plus tardif, on l’attribue à Stendhal vers 1825. Le seul terme d’époque était « atticisme », qui renvoie bien à l’antiquité gréco-latine. Il fallait d’abord imiter, puis égaler, enfin dépasser ce modèle. A ce but fondamental des écrivains classiques s’ajoute la volonté de définir la littérature, de s’imposer des règles et des contraintes et de tout codifier.

Les principes du classicisme

C’est en effet aux XVIème et XVIIème siècles que notre français moderne s’est formé et a atteint ses formes lexicales et syntaxiques actuelles (à quelques exceptions près). 1696 vit d’ailleurs la publication du premier dictionnaire de la langue française, et, soixante et un ans plus tôt, Richelieu créa l’Académie française, ayant surtout pour but d’imposer un « art officiel », utilisant la langue du Roi.

Les écrivains classiques cherchent aussi à s’imposer des règles, des contraintes, au nom de la vraisemblance, et à peindre la vie telle qu’elle apparaît à leurs yeux et à leur philosophie. Voici les caractéristiques du classicisme :

-                           Le culte des anciens : il se retrouve dans les tragédies classiques, le plus souvent tirées de la mythologie grecque ou de l’Antiquité historique. Ce culte transparaît également avec l’établissement des règles classiques, exposées par Boileau dans l’Art poétique (1679) et directement inspirées par Horace et Aristote. On peut également rappeler que la majorité des Fables de La Fontaine sont adaptées de leurs équivalentes antiques, et que même un auteur comique, Molière, s’est inspiré de Plaute.

-                           La définition de tous les genres littéraires : c’est à l’époque classique que l’on sépare la littérature en genres (la farce, la comédie, le drame, la tragédie, la nouvelle et le roman). Et l’on différencie les registres de langue, au nom de la sacro-sainte règle de la bienséance (voir plus bas).

-                           L’établissement de règles et de contraintes, et ce dans tous les genres littéraires. Citons pour le théâtre la règle des trois unités (unité de lieu, de temps et d’action) édictée par Boileau dans son Art poétique : « Qu’en un lieu, en un jour, un seul fait accompli/ Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli .» La règle de la bienséance est également établie, au nom de la vraisemblance : il est vrai qu’on imagine mal les familles nobles d’Athènes ou de Rome des tragédies de Racine « jurer comme des charretiers ». La poésie est également codifiée : l’alexandrin devient le « vers par excellence », place qu’il occupera jusqu’au XIXème siècle.

-                           Une certaine vision de la réalité : les classiques, obéissant à Aristote, veulent avant toute chose instruire leurs lecteurs. Or, pour instruire, il faut décrire la vérité. C’est pourquoi le classicisme s’attache à exposer la complexité de la vie psychologique et à analyser sans complaisance les comportement des hommes. Cependant la réalité est idéalisée, du moins stylisée pour plaire et frapper les esprits. Il en résulte une apparente contradiction : mais la conformité à la réalité n’est pas un but, mais un moyen. Il faut aussi ajouter que ce sont les classiques qui ont crée l’image de l’ « honnête homme », contre  laquelle les romantiques s’élèveront.-                           L’éloge du Roi : à une époque où la censure régnait et où les opposants risquaient l’emprisonnement arbitraire par « lettre de cachet », il est facile d’expliquer le fait que les classiques aient flagorné Louis XIV, qui, de plus, était le seul à pouvoir leur accorder des pensions, s’étant arrangé pour éliminer les salons littéraires. Ainsi, vivre de sa plume sans le secours du Roi était très difficile, d’autant plus que les droits d’auteur n’existaient pas et que le nombre de lecteurs était limité par l’analphabétisme. Mais tous les classiques n’en font pas pour autant de la propagande : le Roi savait se montrer magnanime et tolérait même des auteurs comme Molière (dénonciateur de l’hypocrisie des dévots dans Tartuffe) ou La Fontaine, qui avait pris la défense de Fouquet, rival du Roi, et qui critiquait quasi-ouvertement la Cour dans ses Fables. Il espérait ainsi que la postérité le verrait comme un grand roi mécène, protecteur des artistes et du « bon goût ». Aussi les louanges des classiques à son endroit sont-elles justifiées, dans la mesure où il a joué un rôle moteur dans le mouvement classique.

Haut du document   L’esthétique classique

Comme en littérature, l'esthétique classique se réfère aux conceptions esthétiques héritées de l'antiquité, de Platon, d'Aristote, de Vitruve (que Charles Perrault traduit en 1673) notamment, s'inspirant également des réflexions des artistes italiens du quattrocento. L'état quand à lui contrôle l'art par le biais des Académies royales ; Louis XIV lui-même dirige les constructions de Claude Perrault, de Jules Hardouin-Mansart, Le Vau, etc., et avant tout les agrandissements du château de Versailles, sur le modèle de Vaux-le-Vicomte, et qui deviendra à son tour le modèle de l'architecture classique. L'art classique est avant tout un art officiel, chargé de donner à la France et au roi l'éclat, le prestige et la

 noblesse dans toute l'Europe.

Les finalités de l'esthétique classique, sont les mêmes que dans la littérature. L'art classique tend à l'intemporalité, se veut le triomphe de la raison sur les passions, recherche l'équilibre, les bonnes proportions, la clarté, l'harmonie, l'ordre et la mesure, et prend ainsi le contre-pied sur le baroque.

Les bâtiments classiques se doivent d'être en parfaite adéquation à leur fonction : lignes droites à la majestueuse orthogonalité, recherche de symétrie et de rigueur géométrique, sobriété des surfaces et des plans les opposent aux constructions baroques soucieuses d'effet décoratif, tout en courbes et contre-courbes, pourvues de surcharges ornementales. L'un des manifestes classiques est la « colonnade » du Louvre, attribuée à Claude Perrault (1667).

Ci-dessous : Le château de Vaux-le-Vicomte,

qui servit de modèle lors de l'élaboration des plans du château de Versailles.

Ci-dessus : La Galerie des glaces,

à l'origine de laquelle on retrouve Jules

Hardouin-Mansart, et décorée par Le Brun

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1. Idéal esthétique (qui sera codifié par Boileau)

  • recherche d'équilibre, de clarté, de naturel, et d'une certaine finesse dans l'analyse morale et psychologique des personnages.
  • imitation des Anciens
  • influence de la mythologie et de la littérature gréco-latines. Sénèque, Sophocle, Horace, Plaute et Aristophane servent souvent de modèles aux écrivains classiques.
  • ambition de produire des chefs-d’oeuvre

2. Souci de l’universel

  • croyance à l’existence de valeurs permanentes
  • à l’Homme éternel
  • intérêt pour la nature humaine (Corneille, Racine...) au détriment de l'individu (Villon, Ronsard)
  • rejet du particulier, du concret, du réalisme ::  vocabulaire plutôt général

3. Autorité de la raison

  1. Le bon sens
  • ce qui est normalement accepté par l’esprit: la vraisemblance
  • montrer les choses comme elles doivent l’être à l'esprit
  • règle des 3 unités:
  • unité d'action (Par souci de simplicité, la tragédie doit représenter une seule action complète avec un commencement, un milieu et une fin, ce qui n'empêche pas d'autres petites actions accessoires à cette action principale.)
  • unité de temps (Par souci du naturel, l'action doit se dérouler à l'intérieur de 24 heures. Si l'action s'étire sur plusieurs jours, la vraisemblance exige que le dramaturge explique tout ce qui s'est passé pendant tout ce temps, ce qui contrevient au principe de l'unité d'action et vient distraire le spectateur de l'action principale.
  • unité de lieu (Par souci de vraisemblance, le lieu ne peut pas changer dans la suite de la représentation. Ce souci ne peut se faire qu'au dépens de la couleur locale, ce que les dramaturges romantiques dénonceront. L'unité de lieu découle de la logique de l'unité d'action, car une seule action ne saurait se dérouler dans plusieurs lieux.
  1. La bienséance : ce qui convient (le

bon goût

- Conformité entre l'agir d'un personnage et son caractère et cohérence du personnage tout au long de la pièce.

- Conformité des personnages à la représentation de ce qu'en fait le spectateur dans la vie courante : cohérence dans le langage, dans les moeurs, dans les sentiments.

- Représentation sur scène d'actions dans la limite de la bienséance, ce qui force le dramaturge à refuser toutes scènes disgracieuses : la mort d'un personnage, le sang sur la scène, par exemple. La suggestion est permise, non la représentation directe.

4. Idéal humain

L’honnête homme

- fait preuve de mesure, de retenue et du juste milieu

  • sur le plan intellectuel : ouvert, curieux,
  • sur le plan social : agréable et poli

- est de bonne compagnie

  • possède l’art de plaire
  • est profond et divertissant
  • évite d’être ennuyeux (le vrai critère en matière d’art et de goût)

Apogée et déclin du classicisme

Si la fin du XVIème siècle et le début du XVIIme siècle avaient vu l’ébauche des pensées fondamentales du mouvement classique, on peut qualifier la période 1660-1680 de véritable « règne » du classicisme dans tous les domaines artistiques, et ce parallèlement avec l’apogée du règne personnel de Louis XIV, durant laquelle la France dominait l’Europe, imposant son style et ses valeurs.

Cette période relativement courte a vu s’épanouir des genres comme la comédie, avec notamment Molière, la tragédie, avec Jean Racine ou Pierre Corneille, ou encore la poésie, codifiée par Boileau et La Bruyère.

Il s’agissait alors d’occuper la Cour du Roi à Versailles. Cela apparaît évident avec des auteurs tragique comme Racine ou Corneille : leurs pièces étaient destinées à « l’élite » de la société de l’époque (noblesse, haute bourgeoisie) qui, seule, possédait une culture suffisante pour appréhender des tragédies comme Phèdre, Britannicus ou Le Cid.

A la fin du XVIIème siècle et jusqu’à la mort de Louis XIV, le style classique va connaître un long déclin, conséquence de plusieurs facteurs : perte de prestige de la France à l’étranger avec la révocation de l’Édit de Nantes et la guerre de la ligue d’Augsbourg, perte de goût du Roi pour ses « plaisirs de jeunesse » avec l’influence toujours grandissante des dévots au sein de la Cour, perte de prestige du théâtre aux dépens du roman (genre plus souple) et surtout, querelles intérieures.

La Querelle des Anciens et des Modernes

Le mouvement moderne

    

Dès le début du XVIIème siècle apparaissent des signes de l’ »esprit moderne » qui va provoquer, à partir de 1687, une importante querelle littéraire (ex : l’écrivain Boisrobert compare Homère à un « chanteur de carrefour » et trouve les anciens « sans goût et sans délicatesse ».)

La thèse des « Modernes » se base sur un seul grand principe justifié par plusieurs arguments : selon eux, les écrivains contemporains sont égaux, voire supérieures aux écrivains de l’Antiquité. Ils n’hésitent pas à dénoncer leurs faiblesses, en appelant au témoignage des mondains et des femmes, rebutés par les traductions de Platon « qui commence à devenir quelquefois ennuyeux » et par le « galimatias » de Pindare. Ils critique la physique d’Aristote (sans doute l’écrivain grec le plus vénéré des « Anciens ») en s’appuyant sur les découvertes récentes de la science. Charles Perrault, le chef des Modernes, dénonce le manque d’esprit critique des Anciens, qui pour lui sont les victimes du principe d’autorité reposant sur la confiance injustifiée que l’on donne à des hommes que l’on révère suffisamment pour croire ce qu’ils disent sur parole, même s’ils se trompent.

Pour les Modernes, le fait d’être né et d’écrire après la mort des anciens leur permet de les surpasser, certes en les imitant, mais aussi en évitant de faire les mêmes erreurs qu’eux et en utilisant les connaissances révélées durant la période entre le présent et l’Antiquité. Perrault, dans le tome I de ses Parallèles des Anciens et des Modernes affirme que le siècle de Louis XIV représente l’apogée de la littérature, qualifiant Corneille, Molière, La Bruyère et La Fontaine de supérieurs à tous les anciens. Plus raisonnable, le conciliateur Fontenelle se garde d’arrêter au XVIIème siècle la chaîne du progrès : pour lui, l’Humanité est comparable à un homme qui a atteint sa maturité, mais qui ne connaîtra jamais la vieillesse, toujours capable de faire resurgir ses actions passées, car « les vues saines de tous les bons esprits qui se succéderont s’ajouteront toujours les unes aux autres. »

La réplique des « Anciens »

Les écrivains qualifiés d’ « Anciens » comptent parmi les plus grands écrivains du siècle : Boileau, La Fontaine, La Bruyère ou Molière, mais mirent du temps à organiser une riposte efficace contre les assauts de Charles Perrault ou Thomas Corneille, et lorsqu’ils le firent, ce fut de façon individuelle, désunie, désorganisée. Ainsi est-il préférable d’étudier, non pas la thèse des Anciens, mais les idées que cette querelle les a fait préciser et qui éclairent le classicisme.

Pour eux, il est préférable d’imiter les auteurs antiques grecs ou latins plutôt que les écrivains plus récents : La Fontaine avoue dans son Épître à Huet avoir failli se gâter en imitant un moderne (Voiture) et c’est l’exemple des anciens qui l’a ramené au bon sens : « Horace, par bonheur, me dessilla les yeux. »

Les Anciens disent ne pas imiter aveuglément les auteurs de l’Antiquité, affirmant qu’ils ne font que s’en inspirer pour créer une œuvre originale. La Fontaine souligne malicieusement que Boileau, Racine et Molière, considérés comme des « modèles » de littérature, sont justement ceux qui ont le plus imité les anciens.

Enfin, ils soulignent que le fait que des auteurs comme Homère, Virgile ou Platon soient encore lus des siècles et des siècles après leur mort constitue en soit une preuve de leur génie. Il est donc impensable de comparer un auteur contemporain avec un ancien sans savoir si l’auteur en question sera encore lu et apprécié plusieurs siècles après sa mort.

Bilan de la querelle

La longue querelle se termine vers 1714, par la victoire relative des Modernes qui ont finalement fait plier Boileau, le chef des Anciens. Mais il n’y a alors plus grand-chose à gagner : la querelle n’a fait qu’accélérer la fin du classicisme. Les grands de l’Antiquité ont perdu de leur prestige, et les écrivains modernes ont prouvé que leur mouvement n’était pas parfait puisqu’ils se sont divisés. De plus, le théâtre cède la place au roman, tandis que le baroque commence à envahir l’architecture et les arts plastiques.

Malgré les efforts de Voltaire pour réhabiliter la tragédie au XVIIIème siècle, le classicisme dépérit avec la mort de Louis XIV et la Régence, annonçant déjà le mouvement philosophique des Lumières et le romantisme,

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Conclusion

Cependant, la philosophie classique n’est pas morte avec Louis XIV et sa Cour : on en retrouve des éléments, notamment les références à l’Histoire et la vision de l’Homme en tant qu’individu sacré, chez les philosophes des Lumières, chez des romantiques comme Goethe ou Schiller, ou, plus récemment à travers le « bain de jouvence » que propose Paul Valéry à la poésie française au début du XXème siècle.

Un écrivain comme Albert Camus développe la problématique classique (pascalienne) de la place de l’homme dans l’univers, mais l’absurde surgit de l’absence de Dieu. Son style apparemment simple cache un énorme travail d’écriture.

Bibliographie

Le Grand Livre des Lettres (Éditions des deux Coqs d’Or)

Panorama de la littérature française (par Nicole Masson)

Lagarde et Michard XVIIème siècle (éd. Janvier 1971)

Encyclopédie Larousse multimédia

L’Histoire littéraire de la France (Éditions sociales)

Livres d’Histoire-géographie de 4ème et de 2nde (Hachette, Nathan, Hatier) 

"Enfin Malherbe vint, et le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence:
D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la Muse aux règles du devoir.
Par ce sage Écrivain la Langue réparée
N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée."

Boileau, chant 1, v. 113-140

On gagne beaucoup en perdant tous les ornements superflus pour se borner aux beautés simples, faciles, claires et négligées en apparence. Pour la poésie, comme pour l'architecture, il faut que tous les morceaux nécessaires se tournent en ornements naturels. Mais tout ornement qui n'est qu'ornement est de trop. Retranchez-le; il ne manque rien; il n'y a que la vanité qui en soufre. "Fénelon.

"Mais tout homme doit toujours parler humainement. Rien n'est plus ridicule pour un héros dans les plus grandes actions de sa vie que de ne joindre pas à la noblesse et à la force une simplicité qui est très opposée à l'enflure."Fénelon

"La perfection classique implique, non point certes une suppression de l'individu, mais la soumission de l'individu, sa subordination, et celle du mot dans la phrase, de la phrase dans la page, de la page dans l'oeuvre. C'est la mise en évidence d'une hiérarchie". […]

« Le classicisme tend tout entier vers la litote. » (André Gide).

Portrait de Boileau (ci-dessus)

"Malgré toutes ces réflexions et toutes ces plaintes, nous ne pourrons jamais secouer le joug de la rime; elle est essentielle à la poésie française. Notre langue ne comporte que peu d'inversions; nos vers ne souffrent point d'enjambement, du moins cette liberté est très rare; nos syllabes ne peuvent produire une harmonie sensible par leurs mesures longues ou brèves; nos césures et un certain nombre de pieds ne suffiraient pas pour distinguer la prose d'avec la versification; la rime est donc nécessaire aux vers français. De plus, les Corneille, les Racine, les Despréaux, ont tellement accoutumé nos oreilles à cette harmonie, que nous n'en pourrions pas supporter d'autres."

Voltaire, Discours sur la tragédie, 1729

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