Corrigé du sujet de bac professionnel 2004
Compétences de lecture (10 points)
1- L'Astrologue s'oppose au mariage de sa fille Florice en raison
du présage funeste apporté selon lui par le passage
d'une comète.
Ce personnage est rendu ridicule par les propos qu'il tient, par
le contraste entre la solennité qu'il donne à ses
déclarations et la futilité de leur contenu. En
effet, l'Astrologue donne à ses propos une grandiloquence,
une emphase remarquables. Tous les malheurs du inonde défilent
dans sa bouche " fléaux... orages... famines... pestes...
guerres " (1.1 à 3). Sa parole procède par
anaphores (" Que de... "), par accumulation, par hyperbole
(" tout est perdu " 1.17) ; elle est caractérisée
par de nombreuses exclamations (l.1 à 4, 1.20 à
23) et interrogations (1.46 à 48, 1.56 à 60, L70,
1.97). Ces procédés visent à saisir les autres
personnages, à les convaincre, à les pétrifier
d'émotion et de crainte.
Mais ceux-ci résistent et ne se laissent
pas impressionner. Obligé d'aller plus loin dans ses explications
et donc de dévoiler les fondements de sa " science
", l'Astrologue délivre un discours creux. Les mots
savants, le jargon (1.7 à 11, 1.25 à 30, 1.54 à
60), cachent mal le vide des propos. Il n'y a pas d'argumentation
fondée. L'Astrologue lui-même explique que les mots-
seuls, par leur existence, garantissent la vérité
de sa " science " (1. 56 à 60). Au total, le
personnage suffisant du début se révèle bien
dépourvu. Il passe de l'emphase initiale (" Tout est
perdu... " 1.17, " Que je te plains pauvre genre humain
! " 1.22 et 23) à une posture agressive et menaçante.
Le " pauvre M. de la Forest " (1.7) est écrasé
de mépris " Taisez-vous, petit esprit " (1.93)
dès lors qu'il cherche à contester le grand homme.
Le grand savant capable de lire " le grand livre du ciel,
imprimé en caractère de feu " (1.46 et 47)
devient un petit personnage dont " la bile s'échauffe
" (1.93). Cette évolution qui porte la dynamique même
de la scène fait de l'Astrologue un personnage ridicule
et peu sympathique.
Mathurin, préoccupé de noter les propos
de son maître, commente et duplique, en langage simple et
populaire, les déclarations grandiloquentes de l'Astrologue
soulignant par là leur aspect excessif et outrancier. Le
calme de Mathurin, son absence d'inquiétude, ses propos
pragmatiques, soulignent a contrario la fébrilité
et la peur irraisonnée de l'Astrologue. Figure de bouffon,
burlesque, le personnage de Mathurin contribue ainsi à
mettre en relief le ridicule de son maître et donc à
discréditer ses propos.
2- Aux propos obscurantistes et pompeux de l'Astrologue s'oppose
l'attitude modeste, sereine, fondée sur le bon sens et
sur la raison, de M. de la Forest. Au début, il parle peu,
écoute, cherche à comprendre ; c'est la curiosité
qui l'anime : " Que voulez-vous dire ? " (1.6), "
expliquez-vous donc plus nettement, s'il vous plaît "
(1.14 et 15).
Mais ses répliques, au début très courtes,
s'étoffent au fur et à mesure que celles de l'astrologue
se réduisent. Ainsi, c'est un point de vue construit, rigoureux,
raisonné, qu'il développe en plusieurs arguments
:
La subjectivité des interprétations : ce qui effraie
les uns peut réjouir les autres ; il n'y a pas de
science possible des signes puisque chacun projette ses humeurs
sur le monde (1.71 à 78).
La disproportion entre les faits, l'absence de rapport entre les
causes et les conséquences prétendues : entre le
mouvement des astres et le mariage de M. de la Forest, quel rapport
peut-il y avoir ? (1.83 à 92).
L'absence de logique : l'observation montre que les malheurs arrivent,
avec ou sans comète ; lorsqu'il n'y a pas de comète
on dit que c'est naturel, lorsqu'il y a une comète on la
met en accusation ; le lien causal n'est nullement établi
par les faits (1. 98 à 108).
3- A. Jacquard soutient que l'astrologie est une imposture, une
fausse science, aux origines archaïques. Pour lui, la croyance
en l'astrologie et autres superstitions, malgré leurs contradictions
foncières, tient à un sentiment de crainte devant
l'avenir, au besoin des hommes de trouver des explications rassurantes
à leurs interrogations.
Jacquard est dans le droit fil de la position développée
par M. de la Forest dans le texte de Fontenelle. II préconise
lui aussi l'observation des faits contre les affirmations dogmatiques.
Les deux mettent en avant les contradictions de ces fausses sciences,
leur inefficacité pratique. Les deux s'intéressent
aux motivations des croyants : lire " les destinées
de tous les hommes " (texte 1, l. 48), " [jouer] à
se faire peur ... trouver dans les astres la cause possible [de
nos] échecs en amour " (texte 11, 1.16). Ils mettent
en lumière ce qui motive les charlatans qui prospèrent
dans cet univers de l'irrationnel : la volonté de pouvoir
pour " les descendants de Nostradamus " (texte 1, 1.53
à 56), le goût de la réussite commerciale
pour les modernes voyants ou astrologues évoqués
par Jacquard que l'on devine attentifs à leur image ("
[leur] aplomb ") et au " tirage de leurs livres ".
A trois siècles de distance, par des écrits de nature
différente, Fontenelle et A. Jacquard se relaient dans
le même combat, celui de la raison contre la croyance c'est
aussi une affirmation de la confiance dans l'intelligence de l'homme,
une protestation contre la démission devant les gourous
et autres manipulateurs des consciences qui tablent sur la peur,
sur l'ignorance de leurs congénères pour asseoir
leur propre pouvoir. La bataille initiée par les philosophes
des Lumières continue.
II - Compétences d'écriture (10 points)
Quelques critères d'évaluation :
· Respect de la longueur ("une quarantaine de lignes
") qualité de l'expression (syntaxe, orthographe,
richesse du vocabulaire) graphie et présentation
· Respect de la situation de communication : l'écrit
attendu a la forme d'une réponse adressée directement
à un destinataire connu, " écrit oralisé
" (énonciation à la première personne,
destinataire désigné par "tu ")
· Développement d'une argumentation (présence
d'arguments et d'exemples, organisation et progression de l'argumentation,
articulation et enchaînement des arguments, pertinence des
arguments...
· Langage simple et accessible, sans registre familier
· Valorisation de l'implication de l'émetteur ("
tourner en dérision ", conviction, expression personnelle)
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Précisions sur le barème
Compétences de lecture : toutes les réponses doivent
être rédigées. Il faut donc pénaliser
les listes ou les abréviation.
1ère question
Idée de présage funeste, de malheur = 1 point
Mise en évidence du côté excessif de l'Astrologue
(Grandiloquence/futilité, Excès de l'Astrologue/Calme
de M de la Forest) = 1 point
Procédés de style (figures de style, ponctuation)
= 1 point
2ème question
Sanctionner le recopiage du texte.
Le bon sens, la raison de la Forest s'oppose à l'obscurantisme
de l'Astrologue = 1 point
Arguments reformulés (2 arguments) = 2 points
· Subjectivité des interprétations
· Disproportion
· Absence de logique
3ème question
Expression de la thèse (fausse science, superstition, imposture)
= 2 points
Raison s'oppose à croyance ou obscurantisme = 1 point
Charlatanisme ou exploitation de la peur = 1 point
Compétences d'écriture
Valoriser les élèves qui ont cherché à
s'insérer dans une situation de communication précise
(lettre, dialogue ...). Ne pas sanctionner les autres.
Respect de la longueur, qualité de l'expression, graphie
et présentation, langage adapté = 4 points.
Respect de la situation de communication (JE et TU) = 1 point.
Argumentation = 5 points.
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